A la recherche des œuvres disparues
« À la recherche des œuvres disparues » est une enquête sur les traces d’œuvres inédites d’Alberto Giacometti. Disparues ? Pas totalement, car Alberto Giacometti a laissé des indices derrière lui, des précieux témoignages documentés qui permettent aujourd’hui à l’Institut Giacometti de présenter des œuvres méconnues et inédites.
Alberto Giacometti a traversé de nombreuses phases de doute, au cours de sa carrière, qui le poussent à remettre inlassablement son travail en question. Perdues, vendues ou endommagées, les œuvres ont toutes connu leur propre histoire.
A l’aide de croquis, carnets de notes et photographies d’archives, ces œuvres déterminantes sont aujourd’hui reconstituées dans les salles d’exposition face à des pièces authentiques de la même période.
“Au fil des nombreux entretiens donnés principalement à partir des années 1950, Alberto Giacometti s’est créé un personnage mythique d’éternel insatisfait, en proie à un drame existentiel quotidien. De cette figure participe un geste, celui de la destruction de l’œuvre, visant à faire tabula rasa quand l’impasse créative devient insurmontable.
La légende veut ainsi que Giacometti, hanté par le doute, détruisait ses œuvres au fur et à mesure qu’il les réalisait. Seule une sélection restreinte aurait ainsi pu lui être arrachée des mains. or, si les témoignages de ses proches confirment que l’artiste vivait une insatisfaction permanente, l’examen minutieux des archives montre cependant qu’il était loin de détruire systématiquement ses œuvres.
De plus, dans les récits qu’il livre à ses proches et aux journalistes, il fait surtout référence à sa carrière d’après-guerre, alors que notre étude montre que la disparition des œuvres est un phénomène plus courant dans les années 1920 et au début des années 1930. enfin, l’analyse deces années permet en outre de constater que la destruction volontaire est en réalité rarement la seule explication de leur perte. nous sommes ainsi face à une typologie variée et complexe d’œuvres « disparues » et pas toujours de la main de Giacometti, loin s’en faut.”
Michèle Kieffer, extrait du catalogue de l’exposition.