Toshio Saeki
Toshio Saeki (1945-2019) est dessinateur et icône de l’underground japonais. Son oeuvre est à la croisée des traditions japonaises du shunga (gravures érotiques traditionnelles) et du yōkai (représentation d’esprits, de démons et de fantômes). Il a aussi renouvelé, dit-on, le genre de l’ero-guro, mouvement artistique et littéraire japonais apparu vers 1930, combinant érotisme, éléments macabres et grotesques. «Son érotisme monstrueux bousculant d’autant plus fortement qu’il repose sur la puissance d’évocation et se déploie dans un dessin très pur. Hergé plongé
dans les perverses pensées d’un Edogawa Ranpo.» (Marius Chapuis pour Libération).
La Galerie Da-End dévoile un ensemble inédit de sérigraphies de cet artiste
d’avant-garde. Le corpus jamais présenté – qui vient compléter la première série exposée en 2010 – est le fruit d’une étroite collaboration au cours de l’année 2009, entre la galerie et le maître sérigraphe Fumie Taniyama, sous la direction attentive de Toshio Saeki lui-même. « Saeki n’a eu de cesse de développer ses remarquables talents de dessinateur et de coloriste
afin d’explorer toujours plus profondément les contrées obscures de l’inconscient. Les deux principaux ingrédients de son art sont la concision
du trait — fruit d’une extrême maîtrise de soi et d’une lucidité sans faille — et la passion pour l’eros (ou l’ero, un terme japonais qu’il lui préfère,
car selon l’artiste, s’y profile de surcroit l’idée de la mort). Autrement dit : une ligne claire et de sombres desseins.
L’univers sulfureux de Saeki est utérocentré. Tout gravite autour de cet oeil cyclopéen qui est à la fois matrice, grotte effrayante, refuge, source de jouissance et boîte de Pandore. Chacune de ses oeuvres constituent autant de seuils et de passages dérobés menant directement de l’état de veille à l’état de rêve ou de cauchemar, via l’art du trait. Chaque dessin raconte une histoire. Il y a des voyeurs et des voyeuses, des pervers et des suppliciés. » (David Rosenberg)