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Couturier – Richier

Une amitié sculpturale

Une histoire d’amitié et deux parcours artistiques parallèles, c’est la rencontre inédite que la galerie Dina Vierny présente. Une exposition consacrée à deux géants de la sculpture française d’après-guerre : Robert Couturier (1905-2008) et Germaine Richier (1902-1959), sous le commissariat de Valérie Da Costa, experte reconnue des deux artistes.

La grande rétrospective consacrée à Germaine Richier à partir du 1er mars 2023 au Centre Pompidou est l’événement qui a motivé l’organisation de l’exposition dialogue entre Germaine Richier et Robert Couturier, qui furent de proches amis et qui évoluèrent parallèlement. Par ces mots dans la Tribune de Lausanne, Couturier rendait hommage à celle qu’il appelait Maine en 1959 à son décès :

« Par votre lettre, mon cher Descargues, je viens d’apprendre que Germaine nous a quittés. Cette disparition me touche profondément, Maine était une merveilleuse amie et une très grande artiste. Elle a su parfaitement intégrer à un ordre plastique les éléments dramatiques naturels les plus imprévus. Ses sculptures vivent avec puissance une vie aussi évidente que celle des plantes, des pierres, de l’eau, des animaux silencieux. Votre désir de lui consacrer un article me fait sentir plus que tout mon inaptitude à me servir des mots. Et pourtant, je sais la force de son œuvre comme seulement un sculpteur peut le savoir. » (3 août 1959).

Tous deux sont issus de la même génération et furent unis par une profonde amitié. Ils se font d’abord connaître dans les années 30 avant que leur œuvre ne soit reconnue internationalement dans les années d’après-guerre puis dans les années 50.
L’exposition mettra ainsi en dialogue un ensemble de sculptures qui posent, chez l’un comme chez l’autre, la question de la représentation de la figure humaine profondément renouvelée. Depuis certains de leurs premiers travaux – à la fin des années 20 – jusqu’à ceux de la fin des années 50, un dialogue artistique nourri d’une relation amicale se met en place, et s’achève en 1959 à la mort de Germaine Richier.

Pour Robert Couturier, le motif éternel de la sculpture est le traitement du corps nu. Il le conjugue au masculin comme au féminin, sur un mode de plus en plus elliptique et aérien, et dans une perspective apollinienne. Germaine Richier, quant à elle, s’engage progressivement dans une voie où domine le fantastique qui naît des rencontres entre les règnes humain, animal et végétal, à l’exception de son travail sur les bustes. L’exposition donne ainsi à voir deux approches communes et des divergences sur ce qui fut, durant toute leur vie, une quête d’une nouvelle représentation de l’homme.

du 10 février au 22 avril 2023

Galerie Dina Vierny

36 rue Jacob

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The Moon and the Rabbit

Cabinet Da End XII

Se perdre dans la lune comme Alice qui entre dans le terrier du lapin. Dépasser le miroir du monde visible pour découvrir l’univers caché. C’est ce à quoi nous invite la Galerie Da-End à l’occasion de la douzième édition de son Cabinet des Merveilles. Cette exposition qui rassemble des oeuvres d’une vingtaine d’artistes internationaux nous rappelle qu’au mois de janvier 2023, nous sommes au début d’une nouvelle année lunaire, sous le signe du Lapin d’Eau Noire.

Cette lune, source de fantasmes, de craintes et de lumière, rythme depuis la nuit des temps la vie des humains sur terre. Incarnation du féminin et puissant symbole d’impermanence et d’illusion, la lune, mystérieuse nous fait prendre conscience du temps qui passe. Mais en se renouvelant chaque mois, elle nous promet un l’éternel recommencement, les métamorphoses possibles. Tout comme le lapin, symbole de printemps et de fertilité, qui nous invite à la renaissance, à la résurrection.

“The Moon & The Rabbit“ est aussi un retour aux sources, la galerie renoue avec son ADN en s’inspirant des légendes du lapin lunaire présentent partout en Asie : l’animal qui se sacrifie en se jetant dans un feu, pour se métamorphoser par l’autodafé en offrande aux Dieux. Le sacrifice est récompensé, et le lapin rendu immortel, envoyé sur l’astre pour veiller sur les hommes.

Le tout premier Cabinet de Curiosité de la galerie Da-End eut lieu en l’année du Lapin de Métal, l’année 2011. Avec “The Moon and The Rabbit“, Da-End entame un nouveau cycle sous l’auspice du doux lapin: celui de la renaissance. En se connectant à ses racines, la galerie retrouve son identité de découvreuse de jeunes talents, d’artistes venus du monde entier, et plus particulièrement d’Asie.
Mais la lune, ne nous rappelle-t-elle pas sans cesse le soleil, son alter égo masculin ? Si le cabinet de curiosité est la représentation d’un univers personnel et intime, il reflète ici l’âme de la galeriste, où le microcosme est à l’image du macrocosme: même au coeur de la nuit la plus noire, le soleil, comme le regretté Satoshi Saïkusa, n’est jamais absent : sa lumière, réfléchie par la lune, contient l’éternelle promesse du retour du soleil à l’aube …

Simone Hoffmann

Avec : Markus Åkesson, Marcella Barceló, Frédéric Beauchamp, Apollinaria Broche, Yoko Fukushima, Marine Gazier, Lucy Glendinning, Sarah Jérôme, Kanaria, Shinsuke Kawahara, Kim KototamaLune, Tessa Kugel, Margaux Laurens-Neel, Mike MacKeldey, Honoré de Malné, Nieto, Célia Nkala, Phuong Nguyen, Claire Pedot, Toshio Saeki, Laure Saffroy-Lepesqueur, Satoshi Saïkusa, Sota Sakuma, Carolein Smit, Eimi Suzuki, Mitsuru Tateishi, Mykola Tolmachev, James Webster

du 28 janvier au 11 mars 2023

GALERIE DA END

17 rue Guénégaud 75006 Paris

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Années 80

Mode, Design, Graphisme en France

Une décennie historique qui résonne en France comme un tournant à la fois politique et artistique dans les domaines de la mode, du design et du graphisme, depuis l’élection de François Mitterrand en 1981 jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989. Les années 80 voient naître une nouvelle génération de designers – Olivier Gagnère, Elizabeth Garouste et Mattia Bonetti, Philippe Starck, Martin Szekely… – dans un contexte propice à la liberté d’expression.

La silhouette, elle aussi, se libère des injonctions de style et certains créateurs de mode sont élevés au rang de « superstars » comme Jean Paul Gaultier ou Thierry Mugler. La publicité, le design graphique et l’audiovisuel connaissent leurs années fastes avec Jean-Paul Goude, Jean-Baptiste Mondino et Étienne Robial. De la musique new wave au post-punk en passant par le hip-hop  : c’est toute une histoire de la fête qui s’écrit dans des lieux mythiques fréquentés par les noctambules du Tout-Paris.

La scénographie de l’exposition, conçue comme un carambolage de formes et de couleurs, a été confiée au designer Adrien Rovero. L’exposition est rythmée par trois thématiques qui reflètent le grand télescopage des idées et des formes propres à la décennie : une nouvelle ère politique et culturelle, le design en effervescence et le look des années 80. Inaugurant le parcours dans les galeries côté Tuileries, l’élection de François Mitterrand en 1981 annonce un changement décisif.

C’est sous l’impulsion de l’emblématique ministre de la Culture Jack Lang qu’est inaugurée la Fête de la musique le 21 juin 1982. Il œuvre aussi à une reconnaissance publique de la mode avec la création de l’Institut français de la mode (IFM) en 1986, l’organisation de défilés dans la Cour carrée du Louvre, les Oscars de la mode… La mode est marquée par la diffusion du prêt-à-porter qui touche l’ensemble de la société et remplace le statut de couturier par celui de créateur. Le look devient quant à lui l’expression d’un langage personnel. Dans le domaine de la publicité et du design graphique, ces années amorcent le départ de la communication visuelle globale, qui se partage alors entre le marketing grandissant des agences de publicité et le graphisme d’utilité publique émanant des ateliers de graphistes.

Les médias et l’audiovisuel connaissent un essor sans précédent. Étienne Robial crée le concept d’habillage télévisuel pour Canal+ puis pour M6 ou encore la 7. Cette multiplication des chaînes de télévision entraîne l’âge d’or du film publicitaire avec des réalisateurs emblématiques tels Étienne Chatiliez, Jean-Paul Goude ou Jean-Baptiste Mondino. La presse écrite se transforme : Claude Maggiori repense les couvertures de « Libération » et l’« art » du slogan investit tous les domaines.

Dans cette période d’effervescence, le créateur des années 80 brasse plusieurs esthétiques, tout comme le monde de la mode. Un design moderniste aux accents hightech côtoie des univers néo-baroques et primitifs qui exaltent les savoir-faire. L’action du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement), initié en 1979 par le ministère de l’Industrie, attribue des « Cartes blanches » à toute une génération de jeunes créateurs.

Contrairement aux décennies passées, plutôt que des écoles ou des courants, ce sont de brillantes individualités qui sont mises en lumière : François Bauchet, Martine Bedin, Sylvain Dubuisson, Olivier Gagnère, Andrée Putman, mais aussi Philippe Starck ou Martin Szekely. Le VIA entraîne dans son sillage l’ouverture de lieux d’avant-garde dédiés à la création contemporaine : les galeries Perkal, Néotù, Yves Gastou, En attendant les barbares, Avant-Scène et Gladys Mougin.

Un vent de fête et de liberté souffle sur les années 1980 : les défilés se muent en shows spectaculaires, ouvrant la voie aux folles soirées dans des lieux devenus mythiques : Le Palace et les Bains Douches.

Dans ces clubs où le paraître est capital et l’excentricité, la règle, le Tout-Paris danse sur de la musique new wave, rock et hip-hop. La jeunesse diversifie ses groupes d’appartenance, faisant naître une multiplicité de sous-cultures possédant leurs propres looks.

De l’Antiquité aux années 30, un phénomène de revival s’empare de la mode. Thierry Mugler ou Claude Montana s’inspirent alors des silhouettes historiques quand Jean Paul Gaultier, Vivienne Westwood ou Chantal Thomass les parodient.

À l’inverse, Martin Margiela ou Rei Kawakubo pour Comme des Garçons tentent de déconstruire la notion de vêtement. Les corps athlétiques des mannequins sont moulés dans les créations d’Azzedine Alaïa ou de Marc Audibert quand les formes amples d’Issey Miyake ou d’Anne-Marie Beretta se veulent architecturales et deviennent un véritable support d’expression pour Elisabeth de Senneville et Jean-Charles de Castelbajac.

La mode s’empare du vestiaire masculin à l’instar de la célèbre marinière de Jean Paul Gaultier. Les marques grand public inondent l’espace urbain de leurs campagnes publicitaires comme Naf Naf, Kookaï ou Benetton. Au même moment, depuis le quartier des Halles alors en pleine mutation, agnès b. conçoit le vestiaire intemporel de la parisienne. Le grand défilé anniversaire de la Révolution française en 1989, à qui Jean-Paul Goude donne tout son éclat, conclut le parcours.

Le musée des Arts décoratifs, en retraçant les moments forts d’une période qui a bouleversé les codes, rend honneur à sa propre histoire : le musée de l’Affiche et de la Publicité, créé en 1982, et le musée des Arts de la mode, en 1986 – collections aujourd’hui rattachées au musée des Arts décoratifs –, sont une émanation de la politique des années Mitterrand et Lang. L’exposition rappelle combien les années 80 sont celles du carambolage des styles, de la spontanéité et de la liberté.

du 13 octobre 2022 au 16 avril 2023

MAD

107 rue de Rivoli 75001 Paris

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Anna Mark

Morceaux choisis

La Galerie La Forest Divonne présente une sélection d’œuvres historiques d’Anna Mark, présentées lors de la rétrospective qui lui a été consacrée par le Musée Ferenczy (Hongrie), aux côtés de pièces plus récentes issues de son atelier.

Issue d’un milieu de poètes et d’intellectuels, Anna Mark a étudié la peinture à l’Ecole des Beaux-arts de Budapest, puis exercé le métier de décoratrice de théâtre. Elle a quitté la Hongrie en 1956. Après avoir séjourné à Sarrebruck, elle s’est installée en 1959 à Paris, où elle vit et travaille aujourd’hui.
Après avoir peint à l’huile, elle s’intéresse à d’autres techniques : gravure, dessin à la plume, relief de poudre de marbre, pastel, gouache. Elle réalise une œuvre abstraite, marquée par une construction architecturale.

Les gouaches d’Anna Mark sont marquées, au fil des ans, par une double évolution : dans les formes (d’une forme centrée au dialogue de deux ou plusieurs formes qui s’articulent autour d’un vide) et dans les couleurs qui ont évolué du noir aux couleurs de terre, puis , à partir de 2012, aux rouges lumineux (gouaches nommées d’abord Rouges de Pompéi). Dans ces dernières œuvres, la géométrie architecturale dévoile une fantaisie de nuances qui s’emboitent, s’entrechoquent, s’allient, se fondent. Les vibrations lumineuses participent à cette alchimie mystérieuse pour nous donner à voir une œuvre qui irradie, illumine l’espace jusqu’à nous. 

Du 25 janvier au 25 février 2023

GALERIE LA FOREST DIVONNE

12 rue des Beaux-Arts 75006 Paris

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Hyperréalisme. Ceci n’est pas un corps

40 œuvres surprenantes pour plonger au cœur du

mouvement hyperréaliste

Répartie en 6 sections, l’exposition reprend les nombreuses formes de représentation du corps dans l’histoire de l’art, et présente le vaste champ des possibles exploré par les artistes hyperréalistes. Chaque section s’articule autour d’un concept formel fournissant les clés de compréhension nécessaires pour appréhender les œuvres.

Le titre « Ceci n’est pas un corps »  – emprunté à La trahison des images de Magritte –  exprime bien l’idée que plus on cherche à se saisir du réel, plus il s’éloigne. La sélection proposée, présentant des oeuvres phares de Duane Hanson, John Deandrea, George Segal, Ron Mueck, Berlinde de Bruyckere, Maurizio Cattelan, Sam Junks, Carole A. Feuerman, Daniel Firman, Erwin Wurm, Mel Ramos, Glaser/Kunz, ou Robert Graham , offre un aperçu condensé du mouvement hyperréaliste et révèle à quel point la représentation de l’humain a toujours été sujette à évolution. Comme tout grand art, l’hyperréalisme tend un miroir dans lequel se reflète notre époque tourmentée. C’est inattendu, saisissant, parfois angoissant, souvent amusant et toujours passionnant

du 8 septembre 2022 au 5 mars 2023

Musée Maillol 


59-61 Rue de Grenelle 
75007 Paris

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Ors et Trésors

3000 ans d’ornements chinois

“L’or est la chose la plus précieuse dans le monde entier, car il est immortel et ne se décompose jamais. Les alchimistes le mangent et bénéficient de la longévité”.
Wei Boyang, alchimiste, dynastie Han de l’Est (25-220)

L’exposition illustre plus de trois mille ans de travail d’orfèvrerie en Chine, à travers une sélection de bijoux et ornements d’exception. De véritables chefs-d’œuvre issus de l’extraordinaire collection d’art Mengdiexuan en provenance de Hong Kong. Le parcours nous invite à découvrir les savoir-faire ancestraux des orfèvres chinois, sur une période de plus de trois millénaires, pour un voyage à travers l’empire chinois en passant par l’Asie Centrale, les Steppes Eurasiennes, la Mongolie et l’Himalaya.

Depuis les premiers témoignages de son utilisation au Ve millénaire avant notre ère, l’or fascine et émerveille dans le monde entier.

En Chine, il est rarement utilisé avant les Han. Parmi les populations des steppes du nord du pays, en revanche, l’or occupe une place essentielle dans la société. Les échanges fréquents entre la Chine centrale et les populations nomades entrainent une forte augmentation de la production et de l’utilisation des ornements en or. Ils deviennent de véritables symboles du pouvoir et matérialisent le rang élevé de ceux qui les portent. Ce sont également les témoins irremplaçables des savoir-faire des orfèvres chinois au long des siècles.

Riches d’une symbolique variée, décryptée dans l’exposition, les ornements présentés couvrent donc plus de 3 000 ans de l’histoire de la Chine.

du 1er décembre 2022 au 14 avril 2023

ECOLE des ARTS JOAILLERS

31 rue Danielle Casanova 75001 Paris

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Alexandra Catiere

A Haute Voix

La photographie est aussi un dialogue, on l’oublie parfois. Ce dialogue, discret plutôt que secret, accompagne Alexandra Catiere depuis ses débuts, en 2002. Ses tirages intuitifs développent un langage d’une grande sérénité, toujours empreint d’eurythmie. Ce qu’elle voit, ce qu’elle absorbe, ce qu’elle ressent, nous le voyons, nous l’absorbons, nous le ressentons. Gratitude réciproque. D’une certaine façon, il n’y a aucune frontière entre elle et nous, comme si, grâce à son écriture si sensible, cette photographe franco-biélorusse, née à Minsk le 28 juin 1978, s’inscrivait au présent dans notre réalité.

S’éloignant de toute idée productiviste, Alexandra Catiere a choisi non la tyrannie de la reproduction, ou celle de l’exemplarité, mais « le dialogue avec la matière » : « Je cherche comment je peux approfondir la surface des images pour qu’il y ait de la place, pour qu’il y ait un espace pour partir ailleurs. Je veux être indépendante dans la chambre noire et ne pas être limitée par le tirage parfait. Qui dit que tous les gris doivent être sur une image ? Je veux retrouver la spontanéité, la légèreté, la joie qui existent pendant la prise de vue. »

Alexandra Catiere a été formée à New York, à l’International Center of Photography (ICP). Elle aime ce qu’elle appelle « la vibration du tirage ». Un temps, elle a été l’une des assistantes d’Irving Penn (1917-2009), le plus silencieux des photographes américains, l’inventeur du studio écolo : « C’était une bonne école, l’ambiance était monastique et chacun faisait ce qu’il savait faire au mieux. Irving Penn était un homme très simple, très réservé et qui traitait chacun avec beaucoup de respect. »

Lorsqu’on se penche sur les photographies d’Alexandra Catiere, ce sont des traces de lumière qui dévoilent des visages derrière des vitres, des paysages, des fruits cézanniens, des enfants jouant au long d’une rivière en Bretagne. Pas de voyeurisme, pas de déjà-vu, ce sont des échos qui résonnent et frissonnent comme des ronds dans l’eau. Son quatrième livre, À Haute Voix, publié par Gwinzegal, en retrace la partition complète. S’y rejoignent des personnages croisés ici et là, certains cadrés différemment, comme pour mieux les faire revivre, d’autres qui paraissent avoir été dynamisés par le passé. « Ce sont des moments justes », note simplement Alexandra Catiere.

Ce vivant ondoyant donne tout son sens à ce travail au plus près de la clarté. Au plus près de la vie, « beaucoup plus riche que n’importe quelle mise en scène. »

Brigitte Ollier

du 26 janvier au 18 mars 2023

IN CAMERA

21 rue Las Cases 75007 Paris

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Rodin, Rêve d’Egypte

Si Rodin a étudié toute sa vie les arts du passé, ceux de la Grèce, de l’Asie, les arts médiévaux, il s’est également passionné pour cette civilisation lointaine et mystérieuse, qui était perçue à la toute fin du XIXe et au début du XXe comme un symbole de modernité.

Se fournissant auprès d’antiquaires parisiens et de marchands installés au Caire, il a réuni une collection exceptionnelle en nombre et en qualité dans son atelier de la Villa des Brillants à Meudon. À partir de 1908, et plus encore en 1911-1912, il s’est également entouré d’œuvres monumentales avec dans l’idée de les exposer dans l’hôtel Biron à Paris, en préfiguration du futur musée Rodin.

Cette exposition est l’occasion de découvrir pour la première fois les pièces majeures de sa collection composée de plus de mille pièces de l’époque pré pharaonique à l’époque arabe. Les quelques 400 objets sélectionnés offrent un parcours varié, sculptures, bas-reliefs, masques, figurines, dessins, photographies, archives évoquant la relation qu’entretenait Rodin avec « ses amis de la dernière heure » comme Rainer Maria Rilke ou Isadora Duncan qui eux, contrairement à lui, firent le voyage jusqu’en Egypte.

Ils font surgir des figures de passeurs, écrivains, artistes, antiquaires et égyptologues, qui ont guidé l’artiste vers l’Égypte en le nourrissant de sources visuelles, de récits ou d’objets. La constitution de la collection de Rodin révèle ainsi l’histoire du marché de l’art et des antiquaires de cette époque. Elle s’inscrit dans le programme de commémorations de l’année Champollion, organisé sous l’égide de France Mémoire.

Elle présente aussi la résonnance de l’art égyptien dans l’œuvre du sculpteur, à travers ses recherches sur la représentation du corps humain, la simplification des formes, le fragment ou la monumentalité avec notamment avec le Monument à Balzac (1898) dont il disait « Le Balzac est le Sphinx de la France ». Il s’agit plus pour le sculpteur d’ « être égyptien » que d’être inspiré par l’art égyptien. L’exposition bénéficie de prêts majeurs du musée du Louvre, du musée d’Orsay, du musée Bourdelle et de collectionneurs privés.

du 18 octobre 2022 au 5 mars 2023

MUSEE RODIN

77 rue de Varenne 75007 Paris

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Ossip Zadkine

Une vie d’ateliers

Le sculpteur Ossip Zadkine et la peintre Valentine Prax, son épouse, ont passé ensemble presque quarante ans, de 1928 à 1967, dans la maison, les ateliers et le jardin de la rue d’Assas. Quarante ans, c’est justement l’âge que célèbre cette année le musée Zadkine, qui a ouvert en 1982 en ce même lieu, grâce aux legs de Valentine Prax.

Pour célébrer cet anniversaire, le musée présente une exposition qui entraîne le visiteur au cœur de l’atelier des deux artistes, qui, pendant quarante ans, fut le lieu de vie et de création du couple d’artistes. Près de cent œuvres forment le parcours de l’exposition, qui compte une belle sélection de chefs-d’œuvre de Zadkine, mais aussi des peintures de Prax rarement montrées et de nombreuses photographies inédites, certaines de grands photographes, comme André Kertész ou Marc Vaux. Elle occupe l’ensemble des salles du musée dans une scénographie renouvelée, qui évoque ” l’esprit d’atelier “.

Depuis les premiers ateliers que Zadkine a peuplé de ses sculptures dès son arrivée à Paris jusqu’à l’atelier du jardin que le sculpteur s’est fait construire après-guerre, le parcours de l’exposition suit un principe chrono-thématique. Une partie introductive raconte les premiers ateliers dans lesquels Zadkine a vécu et travaillé, au cœur du quartier Montparnasse. Le second chapitre est consacré à la maison-atelier de la rue d’Assas où il s’installe en 1928 avec Valentine Prax, qu’il a épousée en 1920.

À la fois lieu physique et espace mental, autant nid, abri que poste d’observation, ce foyer-atelier se déploie comme habitacle des œuvres. Scène de la création, il sert aussi de cadre aux mémoires de Zadkine et de Prax, et de décor aux nombreuses photographies qui font partie des archives du musée aujourd’hui.La troisième et dernière section propose de se plonger dans le processus de création et le fourmillement de la vie de l’atelier.

du 11 novembre 2022 au 2 avril 2023

MUSEE ZADKINE
100 bis rue d’Assas 75006 Paris

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Kimono

Vêtement emblématique et caractéristique de l’identité du Japon, le kimono est aujourd’hui une pièce incontournable de la mode. Des écoles de samouraïs aux podiums, des acteurs de kabuki aux stars de la pop internationale, pleins phares sur une tenue qui transcende les catégories et les frontières.

Apparu il y a plus de mille ans, le kimono – littéralement « ce qui se porte » – incarne aux yeux des Japonais la culture et la sensibilité nationales. C’est au début de l’ère Edo (1603-1868) qu’il devient l’habit traditionnel par excellence, porté par l’ensemble des Japonais, indépendamment de leur statut social ou de leur genre. Un âge d’or qui voit l’extraordinaire développement de sa production et la naissance d’une culture de la mode grâce à l’engouement du monde du spectacle. Célébrités et élégants de l’époque – acteurs de kabuki en tête – devenant alors les premières icônes de mode japonaises.

S’il atteint timidement les côtes européennes à la fin du 17e siècle, c’est dans les années 1850, avec l’ouverture du Japon au commerce extérieur, que le kimono s’exporte vers un Occident alors fasciné par son caractère exotique. L’enthousiasme soulevé par sa forme ou ses tissus transforme profondément et radicalement la mode du continent quelques décennies plus tard. Dépassant par la suite son statut de symbole, désavouant son caractère traditionnel et intemporel, il ne perdra rien de sa superbe entre les ciseaux des plus grands stylistes du monde entier (comme chez John Galliano ou Alexander McQueen) ou dans les rues de l’archipel, revisité de façon innovante et parfois subversive par de jeunes Japonais.

L’exposition conçue par le Victoria and Albert Museum de Londres revient sur cette histoire, celle d’une tenue emblématique, intimement liée à celle du Japon. Le kimono sous toutes ses coutures, ou le portrait d’un vêtement résolument moderne, à travers les siècles et les continents.

du 22 novembre 2022 au 28 mai 2023

MUSEE du QUAI BRANLY – JACQUES CHIRAC

37 quai Branly 75007 Paris

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Splendeurs des oasis d’Ouzbékistan

Le musée du Louvre vous entraîne au cœur de l’Asie centrale, où résonnent encore aujourd’hui les noms de Samarcande et de Boukhara, en dévoilant les splendeurs des oasis d’Ouzbékistan. À travers la sélection de près de 180 chefs-d’œuvre, le musée remonte ainsi la route de la soie, longeant les voies caravanières de l’Extrême-Orient à la Méditerranée pour restituer plus de 16 siècles d’Histoire marchande.

En s’appuyant notamment sur une authentique version du fabuleux Livre des Merveilles de Marco Polo, le musée ressuscite le temps des royaumes du milieu, rétablissant la magie d’un territoire convoité aussi bien par Alexandre le Grand que par Gengis Kahn et les khalifes de Bagdad.

Une large sélection de ces chefs-d’oeuvre jamais sortis du pays et spécialement restaurés sont présentés dans cette exposition, comme les peintures murales monumentales du palais des ambassadeurs de Samarcande et de sa région, des pages d’un des plus anciens corans monumentaux des débuts de l’Islam provenant de Katta Langar, en Sogdiane, et d’autres trésors en or provenant de Bactriane (Dalverzintépé), en argent, en soie, en céramique. C’est aussi l’occasion d’admirer quelques chefs-d’oeuvre de la fameuse peinture miniature de l’école de Boukhara du 16e siècle.

Ainsi, grâce également aux prêts exceptionnels de grands musées européens, l’exposition réunit près de 130 oeuvres et nous invite à un voyage dans l’espace et dans le temps.

du 23 novembre 2022 au 6 mars 2023

MUSEE du LOUVRE

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Fabrice Hyber

La Vallée

“J’ai toujours considéré que mes peintures étaient comme des tableaux de classe, ceux sur lesquels nous avons appris à décortiquer nos savoirs par l’intermédiaire d’enseignants ou de chercheurs. On y propose d’autres mondes, des projets possibles ou impossibles. Dans cette exposition, j’ai choisi d’installer des œuvres à la place de tableaux d’une possible école.”

Artiste, semeur, entrepreneur, poète, Fabrice Hyber est l’auteur d’œuvres prolifiques précisément répertoriées. Faisant fi des catégories, il incorpore dans le champ de l’art tous les domaines de la vie, des mathématiques aux neurosciences, en passant par le commerce, l’histoire, l’astrophysique, mais aussi l’amour, le corps et les mutations du vivant.

Les multiples dimensions de l’art de Fabrice Hyber trouvent leur origine dans la forêt qu’il fait pousser depuis les années 1990 au cœur du bocage vendéen, autour de l’ancienne ferme de ses parents, éleveurs de moutons. Les quelque 300 000 graines d’arbres, de plusieurs centaines d’essences différentes, semées selon une technique patiemment mise au point, ont transformé progressivement les terres agricoles en une forêt de plusieurs dizaines d’hectares. Le paysage est devenu œuvre.

Lieu d’apprentissage, d’expérimentation, de refuge, la Vallée est devenue la matrice et la source d’inspiration de l’ensemble de l’œuvre de l’artiste, qui compare volontiers sa pratique avec la croissance organique du vivant : « au fond je fais la même chose avec les œuvres, je sème les arbres comme je sème les signes et les images. Elles sont là, je sème des graines de pensée qui sont visibles, elles font leur chemin et elles poussent. Je n’en suis plus maître. »

Du 8 décembre 2022 au 30 avril 2023

Fondation Cartier

261 Boulevard Raspail 75014 Paris