Les Années 80 d’Avant-Scène
En écho à l’exposition des années 80 au musée des Arts décoratifs, Avant-Sène présente une rétrospective d’œuvres d’artistes défendus par la galerie dans les mêmes années. Car c’est dans les années 80 qu’Elisabeth Delacarte, sa créatrice, décida d’exposer des artistes qui n’avaient pas encore leur place dans un air du temps monopolisé par l’épure et la production industrielle parfaite.
« Il s’est passé une sorte de rébellion, comme le Bauhaus le fut au début du XXe siècle, en réaction au style alambiqué des années 1920. Nous étions dans un mouvement de créativité très forte, marqué par un retour à des matières simples et brutes, mais très nobles, comme le fer forgé, la céramique, le bronze, la marqueterie de paille, le verre soufflé. La moindre création était une ode à la nature, à la poésie, à une forme d’imperfection qui n’avait plus la rigueur lisse de l’usinage. On retrouvait une forme d’humanité, des fêlures bourrées de charme, des histoires, de la fantaisie, bref de la vie. »
Dans les années 1980, elle découvre le travail de la peintre et sculptrice Mino à travers ses grandes réalisations murales peintes au Ministère de la Culture, au Centre National des Lettres rue de Verneuil et elle présentera dès l’ouverture de la galerie ses bâches peintes, paravents, puis ses tableaux et ses sculptures. La galerie présente alors aussi bien les excentricités formelles du groupe italien Memphis mené par Ettore Sottsass que des créations de jeunes architectes-designers français comme Thierry Peltrault, Jean-Marie Cornu et Véronique Malcourant ou des éditions ou rééditions d’Andrée Putman pour Ecart International.
Puis Elisabeth Descartes montre les productions théâtrales, affranchies de tout diktat, d’Elisabeth Garouste et Mattia Bonetti Enfin, des objets avec une âme ! Les Garouste et Bonetti réactualisent des savoir-faire en réinventant l’osier, la terre cuite et en osant marier le bronze et la peau de bête.
Elle montre le même enthousiasme pour la production iconoclaste de Marco de Gueltzl, ainsi que pour celle du Creative Salvage Group, entré en réaction contre l’Angleterre conservatrice des années Thatcher. Ainsi, Mark Brazier-Jones fait sa première exposition chez Avant-Scène en 1990. Le décor digne de 20 000 lieux sous la mer que l’Anglais déploie dans toute la galerie pour mettre en scène ses étonnants objets qui semblent dévorés par l’érosion font l’événement, comme le feront a chaise faite de poêles et louches du génial ferrailleur Tom Dixon et les sièges, pendules et bougeoirs du français André Dubreuil.
Aujourd’hui, dans sa galerie, Elisabeth Delacarte laisse toujours courir sa passion pour le bel ouvrage et le manufacturé, les pièces uniques ou de petites séries en nombre limité et témoigne de l’évolution du mobilier d’art depuis les années 80.