Au 8e siècle av. J.-C., en Nubie, un royaume s’organise autour de sa capitale Napata. Vers 730 av. J.-C., le souverain Piânkhi entreprend de conquérir l’Égypte et inaugure la dynastie des pharaons koushites. Ses successeurs, pharaons de la 25e dynastie, régneront durant plus de cinquante ans sur un royaume s’étendant du Delta du Nil jusqu’au confluent du Nil Blanc et du Nil Bleu. Le plus connu d’entre eux est sans conteste Taharqa.
L’exposition met en lumière le rôle de premier plan de ce vaste royaume, situé dans ce qui est aujourd’hui le nord du Soudan. Elle est en lien avec la mission archéologique du musée du Louvre au Soudan qui, pendant 10 ans, a concentré ses recherches sur le site de Mouweis et les poursuivra aujourd’hui, à El-Hassa, 30 km plus au nord et non loin des pyramides de Méroé.
https://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2022/05/502465-moi-taharqa-pharaon-des-deux-terres-l-exposition-au-musee-du-louvre-1.jpg488684Hélènehttps://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2019/12/logo-germanopratines-3-1030x221.pngHélène2022-06-07 08:19:002022-07-24 11:50:26Pharaons des Deux Terres
Laffanour – Galerie Downtown / Paris présente une exposition qui retrace l’aventure de la galerie Steph Simon, un des lieux mythiques de la scène du design de l’après-guerre. Steph Simon, galeriste pionnier s’est engagé auprès des designers tels que Charlotte Perriand, Jean Prouvé, Isamu Noguchi pour défendre leur travail, l’éditer et le diffuser auprès du grand public.
Conscient de l’importance du rôle de Steph Simon, François Laffanour a acquis le fond d’archives de la galerie en 2001 et en est aujourd’hui le dépositaire de la mémoire, en s’appuyant sur les photos d’expositions, factures d’achat, bons de commandes et de dépôts et surtout sur les plans d’études d’aménagements intérieurs avec des pièces iconiques telles que le Bureau Présidence de Jean Prouvé, la Bibliothèque Nuage et la Table Forme libre signées Charlotte Perriand. Cette exposition permet ainsi aux visiteurs de mesurer l’importance et le rôle déterminant de Steph Simon dans l’histoire du design.
https://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2022/09/Galerie-Steph-Simon-vue-de-linterieur.jpeg9421280Hélènehttps://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2019/12/logo-germanopratines-3-1030x221.pngHélène2022-06-02 14:37:002022-11-25 16:44:42Steph Simon
En collaboration avec Jim Hedges, la Galerie Chenel présente une exposition de photographies d’Andy Warhol, artiste fascinant, collectionneur avisé et photographe de talent. Séries de polaroids et clichés d’instants de vie vont dialoguer avec les marbres anciens de la galerie.
Corps nus ou vues intérieures, ces moments intimes capturés sont tous singuliers et uniques. Un lien inattendu, telle une passerelle, entre deux mondes : une sélection de polaroids et de tirages gélatino-argentiques datant des années 1970 et du milieu des années 1980 en conversation avec des sculptures antiques.
Les photographies se répartissent en deux différentes séries : Interiors et Sex Parts and Torsos. La première série, Interiors, présente des photographies «Nature Morte» capturant des moments de vie d’Andy Warhol, avant, pendant ou encore après un dîner ou une soirée.
La seconde série est une illustration de ce qu’était le Mouvement de Libération Gay qui apparaît dans les années 1970. À cette époque, Andy Warhol rejoint la communauté LGBTQ et commence à réaliser des polaroids aux cadrages resserrés figurant des corps féminins et masculins nus. Ces deux séries sont étroitement liées, capturant des MOMENTS, des scènes de vie donnant presque l’impression que les intérieurs sont des témoignages des soirées libertines illustrées par les corps nus.
https://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2022/10/Moments-Andy-Warhol-Galerie-Chenel.jpg16051124Hélènehttps://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2019/12/logo-germanopratines-3-1030x221.pngHélène2022-06-02 14:34:002022-11-22 13:21:08Moments by Andy Warhol
On le voit partout dans l’espace public. Au point qu’il en est presque devenu invisible. Aristide Maillol est resté silencieux dans les musées depuis 60 ans, jusqu’à ce que le Musée d’Orsay décide d’orchestrer une grande rétrospective autour de cette icône de la sculpture moderne. Car si l’on connait son génie sculptural, beaucoup ont oublié que Maillol était peintre avant de s’essayer à la sculpture à l’âge de 35 ans. Un artiste surdoué qui se tournera vers la tapisserie, la céramique, la broderie… Jusqu’à ce qu’il rencontre la sculpture. Cet art en volume qui donne vie à ses dessins virtuoses. Maillol passe avec aisance de l’esquisse au monumental, comme avec cet impressionnant Monument à Cézanne ou ces deux versions de Méditerranée que 18 années séparent, pour la première fois réunies.
Une œuvre perçue à l’époque dès 1905 comme le manifeste d’un renouveau de la sculpture face à l’expressionisme de Rodin, des formes épurées et synthétiques inventant un nouveau classicisme, des réminiscences antiques teintées d’un érotisme charnel non dissimulé, une géométrie simplifiée qui encapsule la grâce et la sensualité de grands nus féminins.
L’artiste ne concède rien, obsédé par sa recherche de la perfection formelle. Peintures, sculptures, dessins, gravures… Au total, ce sont plus de 200 œuvres d’art, mises en regard avec les créations de ses plus proches amis (Pierre Bonnard, Auguste Renoir ou Maurice Denis), qui permettent de rendre hommage à cet artiste en quête éternelle d’harmonie.
« Si le mot génie, aujourd’hui, a encore un sens, c’est bien ici… Oui, Maillol a le génie de la sculpture. » Auguste Rodin
Déployée dans les salons historiques de la Monnaie de Paris, l’exposition « Monnaies & Merveilles » est une invitation au voyage à travers l’infinie variété des formes, matières et usages de la monnaie. D’or, d’argent, de plumes, de nacre, de perles ou de fer, la monnaie étonne par sa diversité. Les transactions commerciales sont matérialisées sous de multiples formes, pour finir, au-delà de l’échange, par exprimer le rang, le prestige et la richesse.
Ces instruments, exhibés ou tenus secrets, sont investis de symboliques sociales ou sacrées et épousent les aspects les plus divers : velours Kuba du Zaïre, bracelets-monnaie de Côte d’Ivoire, textiles de Timor (Asie du Sud-Est), rouleaux de plumes des îles Santa Cruz (Polynésie)… Quelque 200 pièces provenant d’institutions muséales ou de collections privées invitent le public à un voyage sensible au cœur des usages et des rituels monétaires à travers les cultures et les civilisations. Le parcours met également en lumière une série d’objets populaires européens comme les spectaculaires automates de voyance qui célèbrent la pièce de monnaie comme un rite de passage vers l’irrationnel et le rêve.
De l’archéologie à l’anthropologie, en passant par l’économie, la psychanalyse, l’histoire de l’art et la philosophie, toutes les disciplines s’accordent à reconnaître la profondeur de leur symbolisme, leur intense pouvoir de séduction.
Cartographiant les échanges entre peuples des terres et peuples des mers, dessinant les équilibres entre masculin et féminin, ces ambassadeurs protéiformes sont, avant tout, des concentrés d’humanité.
A la manière d’un cabinet de curiosités, cette exposition se veut une invitation au voyage et au rêve, une plongée onirique et sensible au cœur des mille et une métamorphoses de la monnaie à travers les croyances et les civilisations.
A l’heure de la dématérialisation et de l’uniformisation croissante des pratiques monétaires, c’est aussi un hommage à ces créateurs anonymes, hommes et femmes, qui ont su rivaliser d’imagination et d’audace pour hisser au rang d’œuvres d’art ces objets d’échange, de culture et de sociabilité.
https://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2022/04/cda22_actu_web_monnaies_merveilles_main-tt-width-1200-height-674-fill-1-crop-0-bgcolor-ffffff.jpg6741200Hélènehttps://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2019/12/logo-germanopratines-3-1030x221.pngHélène2022-05-12 15:10:002022-09-23 12:46:51Monnaies et Merveilles
À l’occasion de sa 6ème saison, la Petite Galerie du Louvre propose un voyage dans le temps et autour du monde avec l’exposition “Venus d’ailleurs. Matériaux et objets voyageurs”. La Petite Galerie accompagne ainsi le cycle d’expositions que le musée du Louvre consacre aux découvertes et explorations de contrées proches et lointaines : “Paris-Athènes. Naissance de la Grèce moderne 1675-1919” en septembre et “Pharaon des deux terres. L’Épopée africaine des rois de Napata” au printemps.
À travers les matériaux et les objets, elle se propose d’évoquer les échanges entre des mondes lointains, échanges plus anciens que les explorations. Depuis la plus haute Antiquité, la cornaline, le lapis-lazuli, l’ébène ou encore l’ivoire circulent le long des routes du commerce : ces matériaux sont précieux aussi parce qu’ils viennent de loin.
Cette fascination s’enrichit des mythes qui entourent leur origine. Aux pierres, coquillages et plantes s’ajoutent les animaux vivants, qui voyagent entre les continents, souvent au gré de la politique : les foules comme les artistes découvrent autruches, girafes et éléphants. Les objets fabriqués par l’homme suivent les mêmes routes et, au-delà de l’engouement bien connu des Européens pour l’exotisme, ces multiples aller-retour tissent une histoire plus complexe : formes, techniques, thèmes s’entremêlent pour créer des objets nouveaux qui reflètent toute la complexité de notre monde telle qu’elle pouvait être perçue en Europe depuis la fin du Moyen Âge.
Chaque année, la Petite Galerie invite un art qui n’est pas présenté dans le musée. Cette année, la musique fait résonner l’exposition à travers une programmation à l’auditorium du musée.
Le Musée des Arts Décoratifs accueille dans ses collections 16 œuvres majeures et 38 dessins du couple d’artistes français Claude et François-Xavier Lalanne, à l’occasion d’une dation exceptionnelle menée à bien en 2021. Afin de célébrer cet évènement, l’exposition « Histoires naturelles. Dation François-Xavier et Claude Lalanne au Musée des Arts Décoratifs » se tient dans la nef du musée.
Présenté en regard d’œuvres des deux artistes déjà conservées dans les collections du musée, mais également de quelques pièces « clin d’œil » plus historiques, dont le célèbre hippopotame en faïence bleue des collections égyptiennes du musée du Louvre, l’ensemble se penche sur près de 60 années de création, des années 1960 à 2019.
Sculpteurs inclassables, ne formant qu’un aux yeux du public, le couple formé par Claude et François-Xavier Lalanne est connu pour avoir fait de la nature et des animaux l’inspiration de leurs créations. De ces œuvres souvent hybrides naissent l’émotion, l’étonnement, l’amusement, une poésie nourrie de surréalisme, une vision artistique guidée par le jeu sur les mots, les formes et les matières. À cette liberté, ils jouent aussi de la hiérarchie des arts de manière pionnière, offrant des usages inédits à leur sculptures magistrales. Si les collections publiques françaises en présentent dorénavant des exemples d’exception, à travers cette dation notamment, la portée internationale de leur carrière a amené nombre de leurs œuvres à figurer dans d’importantes collections particulières à travers le monde.
Si chacun a eu son parcours, son imaginaire, ses modes d’expression, tous deux ont partagé une philosophie qui cimente leurs vies comme leurs œuvres, solidement enracinée dans une connaissance de l’art et des autres artistes jamais prise à défaut, dans une curiosité passionnée pour leur époque comme pour le passé, qu’expriment à merveille l’admiration de François-Xavier pour l’Égypte antique ou l’œuvre de Brancusi, son voisin de l’impasse Ronsin, l’émerveillement de Claude pour l’Art nouveau et les beautés végétales du Japon, leur goût du rêve et des utopies, têtes habitables ou paysages infinis, et leurs solides amitiés, d’Émile Aillaud à Yves Saint Laurent, de Max Ernst à Niki de Saint-Phalle ou Daniel Spoerri. Tous les admiraient comme les artistes véritables qu’ils étaient déjà, et au fil des œuvres exposées dans la nef du musée, c’est un pan entier de l’histoire des arts qui se dévoile et se raconte, à nouveau.
En France, le Musée des Arts Décoratifs conserve ainsi quelques pièces de grande qualité embrassant l’art et la carrière des Lalanne : le collier Bouche en or, un sautoir Ronces, un couvert en argent du service dit Iolas de Claude Lalanne mais également le secrétaire Deuxième Rhinocéros, chef-d’œuvre de François-Xavier Lalanne, ainsi qu’un banc Crocodile de Claude Lalanne. Dans l’allée centrale de la nef, le parcours de cette exposition s’articule autour des 16 pièces issues de la dation qui mêlent œuvres uniques, jalons historiques de leur carrière, et créations que les éditions ont rendu fameuses, en parfait adéquation avec l’identité et l’histoire même des collections du Musée des Arts Décoratifs, « du beau dans l’utile ». Disposées sur des podiums en damier dans une scénographie minimaliste, elles dialoguent avec des œuvres du musée, représentatives de l’univers artistique des deux créateurs, mobilier et objets d’arts.
Sur les 16 œuvres du nouveau corpus, 9 sont dues à François-Xavier Lalanne parmi lesquelles, deux œuvres uniques : La Mouche (1966-1967) et l’Hippopotame I (1968-1969), qui renferme un lavabo et une baignoire. Ces deux pièces dénotent d’emblée les caractéristiques fortes du travail de François-Xavier Lalanne, son inscription dans l’histoire de la sculpture, le goût du monumental, et un sens certain de la poésie et de l’humour.
La dation comprend aussi ses projets autour des Têtes habitables (datant du début des années 1970) dont deux maquettes, qui témoignent d’une réflexion née de projets de collaboration avec l’architecte Émile Aillaud, mais aussi des dessins d’études ou des sculptures plus emblématiques comme le Singe avisé (2010).
Un ensemble de la série des Nouveaux moutons (2008) évoque la suite logique de ses recherches reprenant le principe des troupeaux en laine en les adaptant à un usage extérieur, un sujet de réflexion majeur de la fin de sa carrière, lorsqu’il se passionne pour l’art des jardins.
Les 7 œuvres de Claude Lalanne rappellent quant à elles son ambition de sculptrice. Cette empreinte artistique montre combien, dans son esprit comme dans sa pratique, le sens de l’objet se détache du pur décoratif, à l’instar des pièces du mobilier Ginkgo (2010-2018) composé d’une table, d’une banquette et une paire de chaises qui font écho aux prospections esthétiques du XIXe siècle et de l’Art nouveau, comme à l’imagination libre et surréaliste d’un Emilio Terry.
L’artiste, nourrie de surréalisme mais aussi d’une vaste culture artistique, créé l’Homme à la tête de chou (1968) qui inspira Serge Gainsbourg à la fin des années 1960, mais également le Choupatte (2019), ainsi que la Pomme (2015). Plusieurs dessins préparatoires et croquis pour des œuvres clés, comme l’Âne attelé, le Canard, mais aussi l’Hippopotame de François-Xavier Lalanne et des études pour les couverts de Claude Lalanne, complètent l’ensemble. Cette exposition offre au public une vision historique et harmonieuse de l’œuvre d’un couple devenu mythique et pour qui l’engouement médiatique connaît une ampleur sans précédent.
https://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2022/04/Dation-Francois-Xavier-et-Claude-Lalanne-6.jpg19701125Hélènehttps://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2019/12/logo-germanopratines-3-1030x221.pngHélène2022-04-18 12:04:052022-06-02 19:59:10François-Xavier et Claude Lalanne
Dans la gare d’Orsay et son hôtel désertés, Sophie Calle s’est choisi comme abri une chambre à l’abandon, la 501. Nous sommes en 1978. Elle y passe des journées entières, pendant des mois, éprouvant la désolation d’un lieu, comme un espace archéologique où tout a été délaissé. « Les fantômes d’Orsay » est l’œuvre totale de son retour.
En 1978, la gare d’Orsay et son hôtel ont été désertés. Les travaux de construction du futur musée n’ont pas encore commencé. C’est à ce moment que Sophie Calle pousse une porte qui cède et se choisit comme abri une chambre à l’abandon, la 501. Elle y passe des journées entières, pendant plusieurs mois, avant son départ pour Venise qui marquera le début de son œuvre à venir. Pendant ce séjour, elle ressent la désolation d’un lieu, comme un espace archéologique où tout a été délaissé. Elle prend des photos, y invite ses amis, rassemble des documents, des objets, les fiches des clients qui sont autant de vies ouvertes, les notes adressées à un employé de l’hôtel, nommé Oddo, dont elle imagine l’identité.
« Les fantômes d’Orsay » est une œuvre totale de Sophie Calle, tissant un aller-retour permanent entre ses débuts et l’ensemble de sa création : on y retrouve la multiplicité des formes qu’elle adopte, de la photographie à la poésie, du ready-made à la composition, à la collaboration, et son unique capacité à tisser des récits, à faire tenir ensemble en permanence le cheminement personnel et la multiplicité d’un lieu, d’une histoire, et de chacune et chacun d’entre nous.
Les visiteurs du musée retourneront à l’hôtel désormais disparu, de même que Sophie Calle s’est plongée dans le musée après avoir vécu l’hôtel. Elle révélera l’ensemble fantomatique du musée d’Orsay, où les fantômes sont ceux de toutes les personnes et de toutes les œuvres qui l’ont traversé. Elle nous permettra de ressentir la profondeur d’un lieu et la texture même du musée, à la fois immédiatement présent, apparemment temporel, et qui pourtant a tant changé au travers de la vie de Sophie Calle – au travers de quarante années de vie collective.
À travers la présentation de peintures, sculptures, photographies, films, œuvres textiles et littéraires, cette exposition propose de mettre en avant le rôle primordial des femmes dans le développement des grands mouvements artistiques de la modernité.
Ces pionnières, comme Tamara de Lempicka, Sonia Delaunay, Tarsila do Amaral ou encore Chana Orloff, nées à la fin du XIXe ou au tout début du XXe siècle, accèdent enfin aux grandes écoles d’art jusqu’alors réservées aux hommes.
Au cours de ces éphémères années folles, beaucoup d’entre elles séjournent à Paris, pendant quelques semaines ou quelques années. Ces “femmes nouvelles” sont les premières à pouvoir être reconnues comme des artistes, posséder un atelier, une galerie ou une maison d’édition, diriger des ateliers dans des écoles d’art, représenter des corps nus, qu’ils soient masculins ou féminins.
Ce sont les premières à avoir la possibilité de s’habiller comme elles l’entendent, de vivre leur sexualité quelle qu’elle soit, de choisir leur époux ou de ne pas se marier. Leur vie et leur corps, dont elles sont les premières à revendiquer l’entière propriété, sont les outils de leur travail, qu’elles réinventent dans tous les matériaux, sur tous les supports. L’interdisciplinarité et la performativité de leur création ont influencé des générations entières d’artistes et continuent d’influencer encore aujourd’hui.
Si le choix de la peinture figurative effectué par Mayaux au début des années 1980 pouvait paraître « rétrograde » aux yeux de ses professeurs de l’école d’art de Nice, son intérêt récent pour les formes « natives », sa dilection pour l’aléa et le hasard le rendent suspect d’une régression plus grave encore, plus lourde de conséquences.
À plusieurs reprises déjà, il a flirté avec l’« esprit de la grotte ». Il s’est passionné pour les « grotesques », pour ce vertige archéologique d’un délire associatif. Un hasard des plus « objectifs » avait fait que la découverte des grotesques antiques était le fruit de recherches archéologiques menées dans la Maison dorée de Néron, enfouie plusieurs mètres sous terre. Ce qui passait pour être une grotte donna son nom à ce décor romain.
Livrant ses images au caprice d’une encre versatile, Mayaux s’aventure dans des grottes plus anciennes. La régression liée à cette exploration avait été dénoncée en son temps par un marxisme qui résumait la foi d’une époque dans le progrès que promettaient la science et la technique. Évoquant le stade d’une culture sous l’emprise de la nature, Friedrich Engels évoquait un « reliquat […] de ce que nous appellerions aujourd’hui stupidité. À la base de ces diverses représentations fausses de la nature, de la constitution de l’homme lui-même, des esprits, des puissances magiques, etc.1 ». Mayaux n’a pas cessé de revendiquer cette « stupidité ». Face à l’insouciance aveniriste des héros modernes, Sigmund Freud avait campé une humanité plus complexe.
« Sommes-nous en droit d’admettre la survivance du primitif à côté de l’évolué qui en est émané ? […] Nous rencontrons aujourd’hui encore toutes les modalités de vie les plus simples parmi les espèces vivantes. Celle des grands sauriens s’est éteinte pour faire place aux mammifères, et pourtant un représentant authentique de cette espèce, le crocodile, vit encore au milieu de nous. »
Mayaux est de ces grands sauriens… L’ironie avec laquelle il traite la science, les lois de l’évolution, les règles d’une perspective qui signe une maîtrise du monde relève d’un projet on ne peut plus cohérent, un projet par lequel s’éclairent, au-delà de l’anecdote d’une iconographie fantasque, ses liens avec le surréalisme.
Didier Ottinger, extrait du texte « L’envers est dans le fruit. », 2022.
Le 24 avril 2021, une exposition de l’artiste contemporain Douglas Gordon allait se tenir à l’Institut Giacometti. Elle devait réunir des œuvres inédites de l’artiste en écho à celles d’Alberto Giacometti. Les circonstances sanitaires l’ont retardée d’une année. Un report qui a suscité une collaboration au long cours sous la forme d’une « résidence » de Douglas Gordon. C’est la première fois qu’une institution dédiée à l’art moderne invite un artiste contemporain à s’associer à ses activités et à intervenir durant plusieurs mois.
À cette occasion, l’artiste a produit des œuvres nouvelles (sculptures, vidéos, textes) qui sont présentées en lien avec des œuvres d’Alberto Giacometti, parmi lesquelles de nombreux dessins inédits. Gordon découvre le travail de Giacometti lors de son premier voyage à Paris alors qu’il est encore étudiant à Glasgow. Dans la collection de la Fondation Giacometti, il a choisi les œuvres qui sont à la fois les plus spectaculaires et les moins monumentales. Des sculptures « de poche », qui tiennent dans la main et illustrent, plus que d’autres, cette fragilité de la condition d’artiste face à la création. Son travail sur la distorsion du temps et la tension entre des forces contraires rejoignent ainsi des interrogations d’Alberto Giacometti sur la condition humaine.
https://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2022/04/Douglas_Gordon___The_morning_after.jpg400600Hélènehttps://germanopratines-staging.ovh/wp-content/uploads/2019/12/logo-germanopratines-3-1030x221.pngHélène2022-04-08 23:38:002022-06-08 14:57:34Douglas Gordon
Eva Jospin est la nouvelle invitée du cycle du cabinet des dessins consacré aux artistes diplômés des Beaux-Arts de Paris qui s’imposent sur la scène artistique internationale. Pour l’occasion, l’artiste, connue pour ses sculptures – forêts composées principalement de carton, grottes ou folies en béton et pierre naturelle –, expose pour la première fois des dessins réalisés à l’encre de Chine. Une dizaine d’œuvres graphiques qui visitent les thèmes chers à l’artiste, mettant à jour le jeu de lignes et de stratifications qui structure toutes ses explorations.
Familière de l’esquisse, qu’elle pratique quotidiennement pour la réalisation de ses sculptures, l’artiste recense dans son travail deux types de dessins. Le premier est justement celui qu’elle compose à des fins préparatoires, plan de construction à valeur explicative pour son atelier de fabrication. Le second est une recherche esthétique, à travers un médium qu’elle a chéri pendant ses études, et qu’elle retrouve toujours avec bonheur pour exprimer ce que les autres matériaux ou techniques ne peuvent raconter.
À la différence du volume qui caractérise généralement ses œuvres, le dessin plat permet un regard en surplomb, comme une cartographie donnant à voir des reliefs symbolisés. Parce que les traits qu’elle exécute avec minutie évoquent cette idée de courbe de niveau voire d’empreinte digitale, ils renvoient aussi à la planche saillante qui conduit à l’estampe. En filigrane, on retrouve une référence à la gravure, technique qu’elle a notamment exercée au cours de sa carrière, à travers l’eau-forte, et qu’elle a privilégiée pour répondre à une commande du musée du Louvre. À cette occasion, elle est entrée dans la collection des chalcographies des musées nationaux, avec Grotto en 2017.
Pour mettre en dialogue des œuvres anciennes avec celles qu’elle a réalisées, sa préférence est allée vers les envois des architectes pensionnaires à l’Académie de France à Rome, consacrés à la Basilique de Constantin, Hector-Marie-Désiré d’Espouy (1888) et Jean-Jacques Haffner (1921) : ils donnent chacun à leur manière une vision spectaculaire de l’édifice. Elle a ensuite privilégié un dessin du peintre, archéologue et diplomate, Louis-François-Sébastien Fauvel, qui représente une coupe extraordinaire de la célèbre grotte Saint-Jean sur l’île d’Antiparos (1789) et quatre dessins de Louis-François Cassas, qui séjourne plusieurs années à Rome pour y relever les monuments antiques en ruine.
Avec d’Espouy, Haffner et Cassas, Eva Jospin fait résonner son amour pour l’architecture de l’antiquité romaine en particulier, appréciant ces édifices pour leur caractère monumental mais aussi leur aspect en ruine. Laissés à l’abandon et envahis par la végétation, ils sont pour elle une source inépuisable de contemplation et de rêverie. Conçus comme exercices, ces œuvres prennent pour cette diplômée des Beaux-Arts de Paris une valeur d’archive et d’apprentissage inestimable. Avec Fauvel, elle partage la fascination pour les grottes. Celle, majestueuse, qui est représentée, est théâtrale car de nombreuses célébrations s’y sont tenues, et touchante pour Eva Jospin puisqu’elle l’a visitée lors d’un séjour dans les Cyclades.
Au-delà des sujets figurés, le fil conducteur est l’esprit du « Grand Tour », ce voyage d’initiation à la beauté et au monde que les artistes devaient accomplir aux XVIIe et XVIIIe siècles, pérégrinant de capitales en hauts-lieux culturels pour y contempler des chefs-d’œuvre antiques et s’en inspirer. C’est de cette tradition qu’est né le prix de Rome, bourse attribuée à de jeunes artistes pour se perfectionner dans leurs disciplines, tel d’Espouy, évalué lors de sa quatrième année par les dessins ici présentés. Supprimé en 1968, le concours s’est transformé en pension à la villa Médicis, dont a pu bénéficier Eva Jospin après ses études aux Beaux-Arts de Paris. C’est au cours de son séjour qu’elle découvre au Palais Colonna la salle des broderies en compagnie d’une restauratrice de tissu. Ici commence un projet de grande ampleur, celui de concevoir des paysages brodés. Les esquisses préliminaires nécessaires à l’élaboration des pièces vont influencer son style de dessin, car le sens du trait préside au sens de la broderie.
Sa main désormais instruite de toutes ces expériences a composé pour le cabinet des dessins des Beaux-Arts des œuvres telles des rêveries poétiques, greffées sur une structure familière – qu’il s’agisse d’élément architectural (façade d’église, cénotaphe, folie) ou d’élément naturel (grotte, falaise, monticule). Une promenade optique oscillant entre langage conscient partagé et monde souterrain, propre à chaque regardant.