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Mehmet Güleryüz

Quai aux Fleurs

« Je recherche l’inattendu », confie Mehmet Güleryüz, qui exécute ses toiles d’une traite, sans croquis ni idée préalable, sans jamais savoir quelle forme prendra l’œuvre finale. Un art de la spontanéité initié il y a six décennies en s’inspirant de son expérience de l’improvisation théâtrale et qu’il pratique depuis à un rythme quasi quotidien. « Une fois lancé, je tire mon fil d’Ariane sans m’arrêter, jusqu’à ce que le tableau soit achevé », explique le maître aujourd’hui âgé de 83 ans qui passe couramment dix à quinze heures d’affilée sur ses œuvres, généralement de nuit.

Il y a trois ans, Cyril Guernieri exposait pour la première fois les œuvres de Mehmet Güleryüz. Il récidive aujourd’hui avec une exposition d’œuvres récentes de ce grand maître de 83 ans. Des tableaux exécutés Quai aux fleurs, à Paris, où il réside désormais, ce qui explique le titre qu’il a souhaité donner à son exposition. Artiste pleinement ancré dans son temps, Mehmet Güleryüz ne se cantonne pas à une recherche étroitement picturale ou esthétique. Sa démarche ne vise ni le beau, ni le spectaculaire. La peinture est pour lui un moyen de donner forme au regard qu’il porte sur le monde et sur ses contemporains.

Mehmet Güleryüz a emménagé dans son nouvel atelier début 2019. Sa situation géographique – en bord de Seine et à quelques mètres de la maison d’Heloïse et Abelard – et les circonstances – la pandémie de Covid 19 et les confinements successifs avec son épouse – ont fortement influencé sa création. Entre son installation et la fin de l’année 2021, il a réalisé plus de deux cents toiles et mille dessins ! « C’est comme un journal du confinement », explique le maître turc qui a ainsi donné comme titre à ses toiles la date de leur exécution. De ces œuvres, dont la galerie Cyril Guernieri présente une sélection resserrée, se dégagent deux thématiques centrales qui préoccupent infiniment notre monde : la Montée des eaux d’abord, car l’eau est une thématique récurrente dans l’œuvre du maître, mais aussi les rapports homme-femme.

L’eau apparaît dans cette exposition comme porteuse d’une menace que l’on pressent ou d’une catastrophe en cours, invisibles pour le spectateur mais que l’on devine à l’inquiétude de personnages dans l’expectative, fuyant le danger ou écopant désespérément. On songe, bien entendu, à la montée des eaux et, lorsqu’on l’interroge, Mehmet Güleryüz évoque tour à tour la crue de 1910 de la Seine, qui coule juste devant son atelier, et le risque de tsunami qui menace sa ville natale, Istanbul. Risque jugé si imminent que la municipalité a commencé à installer dans les rues des plaques signalétiques indiquant dans quelle direction fuir, au cas où surgirait la vague.

Autre sujet récurrent : le couple. De son enfance ballotée entre un père et une mère très tôt séparés, Mehmet Güleryüz a gardé la conviction qu’il y a une incompréhension fondamentale entre hommes et femmes parce qu’ils habitent des temporalités différentes. Les uns sont happés par la course du monde, les autres sont habitées par sa vérité tragique et c’est ce qui, selon lui, les rend plus mystérieuses et plus fortes. Dans les nombreuses scènes de couple qui émaillent les œuvres présentées galerie Cyril Guernieri, les hommes quêtent sans y parvenir l’attention des femmes, dont les regards sont le plus souvent perdus dans un ailleurs lointain. Mais que l’on ne s’y trompe pas. Il ne s’agit pas là simplement du rapport homme-femme. Le couple est pour Güleryüz la figure archétypale de la relation à l’autre, mais aussi au monde, rapport miné par l’égocentrisme et la volonté de domination.

L’espoir est pourtant bien là. On le trouve en particulier dans cette magnifique toile aux tons bleus et jaunes où un homme et une femme, à demi-immergés, brandissent un oiseau mort. Oui, espoir, malgré les circonstances navrantes dépeintes, car pour une fois ces deux-là regardent dans la même direction. Ils nous alertent, ensemble, de la tournure tragique que prennent les événements. Ils se tiennent serrés l’un contre l’autre. Ils ont conscience que pour faire face ils ont besoin l’un de l’autre. Et ce tableau fait écho à une autre œuvre aux tons également bleutés et à l’univers marin où un tigre et un zèbre se tiennent côte à côte devant un iceberg, dans une atmosphère de déluge. Des animaux au pelage bicolore, semblables dans leur dissemblance. Le prédateur et sa proie unis face à la catastrophe. Une invitation à faire tomber les frontières artificielles, à dépasser les antagonismes, les rivalités, les hiérarchies, les compétitions. Pour nous réconcilier et œuvrer ensemble. L’avenir du monde en dépend. Il y a urgence…

du 12 mai au 4 juin 2022

Galerie Cyril Guernieri

29 rue Mazarine 75006 Paris

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Le petit monde de Steve McCurry

L’exposition Le Monde de Steve McCurry présente plus de 150 photos imprimées en grand format pour la première fois à Paris. Elle est la rétrospective la plus complète dédiée au photographe américain. On peut y admirer ses photos les plus célèbres, réalisées tout au long de ses 40 ans de carrière, mais également ses clichés les plus récents et maintes photos inédites.

Chacune des images de Steve McCurry, pour la plupart connues dans le monde entier, renferme un univers complexe d’expériences et d’émotions.

L’exposition, conçue par Biba Giacchetti, propose un long voyage dans le monde de Steve McCurry, de l’Afghanistan à l’Inde, de l’Asie du Sud-Est à l’Afrique, de Cuba aux États-Unis, du Brésil à l’Italie, à travers son vaste et fascinant répertoire d’images, où l’Humain est toujours le protagoniste principal, même s’il n’est qu’évoqué.

du 9 décembre 2021 au 31 juillet 2022

MUSEE MAILLOL

59-61 rue de Grenelle 75007 Paris

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James McNeill Whistler

Chefs-d’œuvre de la Frick Collection, New York 

La Frick Collection, ouverte au public en 1935 dans la « mansion » new-yorkaise du magnat de l’industrie et grand collectionneur Henry Clay Frick (1849-1919), est l’un des plus importants musées d’art européen des États-Unis. À la faveur de la fermeture de l’institution pour travaux et de la présentation temporaire des collections au « Frick Madison » entre 2021 et 2023, un important ensemble d’œuvres du peintre américain James Abbott McNeill Whistler (1834-1903) quitte New York pour la première fois depuis plus d’un siècle pour être présenté au musée d’Orsay.

Avec les États-Unis et le Royaume-Uni, la France est une des trois patries du peintre. Né en 1834 dans le Massachussetts, Whistler fait son apprentissage et ses débuts à Paris entre 1855 et 1859. Après son installation à Londres, l’artiste garde un lien privilégié avec la scène artistique parisienne, exposant aux côtés des refusés en 1863 et devenant dans les années 1890 l’un des « phares » de la nouvelle génération symboliste. En 1891, l’État français achète son chef-d’œuvre : Arrangement en gris et noir : portrait de la mère de l’artiste. À la même date, Henry Clay Frick bâtit sa collection, et au début des années 1910, l’ouvre à l’art de la fin du XIXe siècle. Il achète dix-huit œuvres de Whistler – peintures et arts graphiques – faisant ainsi de cet artiste l‘un des mieux représentés de sa collection. Aujourd’hui, les grands portraits en pieds de Whistler comptent parmi les œuvres les plus admirées des visiteurs au côté des remarquables peintures d’Holbein, Rembrandt, Van Dyck ou Gainsborough de la collection.

Au Musée d’Orsay sont présentés l’étonnant paysage L’Océan, peint par Whistler lors d’un voyage au Chili, trois pastels et douze estampes à sujets vénitiens, et trois grands portraits représentatifs de ses célèbres « symphonies en blanc » et « arrangements en noir » : le portrait de Mrs Frederick Leyland (chef-d’œuvre de l’Aesthetic Movement) , le portrait de Rosa Corder, et enfin celui de l’extravagant esthète Robert de Montesquiou-Fezensac. Ce dernier, l’un des ultimes tableaux peints par Whistler, est probablement l’œuvre la plus moderne de la collection de Frick. Alors que l’année 2022 est placée sous le signe de Marcel Proust, dont nous célébrerons le centenaire de la mort, cette effigie nous rappelle aussi l’influence de Montesquiou et de Whistler dans l’élaboration de La Recherche et la création des personnages du baron de Charlus et du peintre Elstir.

du 2 février au 8 mai 2022

MUSEE D’ORSAY

Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris

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Jean Painlevé

Les pieds dans l’eau

Cinéaste de réputation internationale pour ses expériences filmiques, Jean Painlevé (1902-1989) fut un spécialiste du documentaire scientifique et des techniques cinématographiques.

Associé à l’avant-garde, Painlevé utilise le cinéma comme un outil d’exploration pour révéler des aspects inconnus et mystérieux d’organismes vivants. Il accompagne le spectateur avec un récit descriptif et informatif sur les sujets étudiés, tandis que, dans la plupart de ses films, les images alternes continuellement entre observations à l’échelle réelle et analyses à l’échelle microscopique.

Durant l’entre-deux-guerres, son œuvre est diffusée hors du champ scientifique, dans des salles de cinéma d’avant-garde et dans les cinéclubs. Painlevé est rapidement reconnu et ses publications dans la presse illustrée des années 1930 contribuent à sa notoriété. Son attitude non conformiste et ses affinités avec l’esprit surréaliste sont sans aucun doute à l’origine du lien privilégié qu’il entretient avec le cinéma documentaire indépendant. L’aisance avec laquelle il traverse les frontières entre science et art prend source dans ses fréquentations artistiques : Jacques-André Boiffard, Alexander Calder, Ivan Goll, Fernand Léger, Éli Lotar, Pierre Naville, Pierre Prévert, Jean Vigo…

À partir des années 1950, Painlevé et Geneviève Hamon, sa compagne et collaboratrice, réalisent un nombre important de films de recherche alors que leur œuvre personnelle se poursuit, nourrie par les recherches des zoologistes et biologistes pour lesquels ils travaillent. Quatre aspects majeurs soulignent la spécificité de cette œuvre : le littoral comme terrain de prédilection ; l’approche scientifique et pédagogique ; les relations avec le mouvement surréaliste ; enfin, la dynamique du montage cinématographique et le rôle du mouvement, du rythme et de la danse comme caractéristiques et motifs.

Cette exposition situe le travail de Painlevé dans le contexte historique et scientifique de sa réalisation, mettant en lumière l’importance de la recherche dans son œuvre. Inspirant aujourd’hui encore maints artistes, il trouve sa résonance actuelle dans la manière dont les films immergent le spectateur dans un espace mental indéfini qui, entre expériences familières et dérive onirique, est à même de déstabiliser aujourd’hui encore notre sens de la réalité.

du 8 juin au 18 septembre 2022

JEU de PAUME

1 place de la Concorde 75001 Paris

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L’aventure du B.C.C. (1939-1952)

PERRIAND – JEANNERET – PROUVÉ – BLANCHON

Au sortir de la guerre, la situation est critique en France, comme en Europe ! La France est divisée en régions administratives qui nécessitent d’importants plans de relance, en partie soutenus par le Plan Marshall ; c’est la période de la Reconstruction. C’est dans ce contexte des années immédiates de l’après-guerre que Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Jean Prouvé et Georges Blanchon vont soutenir le développement du B.C.C. (Bureau Central de Construction), basé à Grenoble.

Fondé à l’origine en 1939, par Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Jean Prouvé et Georges Blanchon, sous le nom de B.C.C. (Bureau Central de Construction), celui-ci proposait la réalisation de constructions préfabriquées, suivies de propositions d’aménagement intérieur. La période 1939-1944 qui fonctionne au ralenti, est néanmoins marquée par deux constructions déterminantes : les bâtiments préfabriqués pour l’entreprise S.C.A.L. à Issoire (1939-1940) où Charlotte Perriand réalisa aussi du mobilier et les maisons B.C.C. à Saint-Auban (1941-42). Dés cette époque, quelques meubles apparaissent dont le fauteuil paillé, le tabouret paillé à 4 pieds et la guéridon triangulaire qui seront en partie repris par le BCC ainsi que dans l’aménagement de Méribel. De son côté, Charlotte Perriand dessine aussi pour chez elle un grand bureau ‘en forme’ avec un caisson et un bahut à doubles portes coulissantes.

Au lendemain de la guerre, Charlotte Perriand – qui entre temps est revenue d’Asie en 1946 – commence à travailler sur quelques projets qui lui tiennent à cœur, dont celui de lancer une édition de mobilier en série. Forte de son expérience asiatique, comme conseillère au Japon, pendant deux ans puis son travail de recherche et de réalisation en Indochine, Charlotte Perriand réfléchit avec Pierre Jeanneret – qu’elle a retrouvé – à un mobilier sobre, minimal, simple mais surtout fonctionel et utile. Après d’intenses recherches de financement et de production, le BCC réalise une première édition de mobilier : Equipement de la Maison  – Meubles de Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret.

Cette édition tout en bois comporte tous les meubles nécessaires à l’aménagement intérieur, allant des tables de salle à manger, assises, tables basses, aux bureaux, meubles de rangement ou encore bibliothèques. Celle-ci présentera une première édition avec certains meubles – comme les bureaux – en bois brut, généralement en pin ou encore des bahuts à portes en aluminium. Puis une seconde édition vers 1949 avec des meubles en frêne, souvent en placage de frêne. Il est à noter que le contrat d’édition d’époque permet aussi à chacun, un travail indépendant, puisqu’en parallèle Pierre Jeanneret est architecte et Charlotte Perriand décoratrice : Charlotte Perriand réalisera donc d’autres équipements intérieurs sous son seul nom.

A l’époque, ces meubles se retrouvent souvent présentés dans des appartement-témoins, comme l’Unité d’Habitation à Marseille, les logements standards à Toulon ou encore la Maison Minimum à l’Exposition Internationale de l’Habitation, Exposition ‘Formes Utiles’..).

Au final, cette édition se fera dans des conditions qui n’ont pas toujours été faciles, dues spécifiquement au contexte de l’Aprés-Guerre. En 1949, Georges Blanchon décide de quitter le bureau de Grenoble, vue le peu de perspective et d’ambition. La même année la collaboration entre Perriand et Jeanneret prend fin alors que Pierre Jeanneret se tourne déjà vers Chandigarh pour construire avec Le Corbusier, la capitale du Penjab. Le BCC s’arrêtera en 1952 alors que Georges Blanchon créé, la même année, le B.C.B. (Bureau de Coordination du bâtiment) et reprend les éditions jusque dans les années 60. Le mobilier sera entre autres distribué par la Galerie Steph Simon qui édite aussi, à l’époque, les nouveaux meubles de Charlotte Perriand et ceux de Jean Prouvé.

du 10 mars au 16 avril 2022

Laffanour Galerie Downtown/Paris

18 rue de Seine 75006 Paris

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Fééries

Dans les années 1930, alors que s’impose un modernisme tout en lignes droites, de nombreux créateurs s’emparent de ce répertoire fantaisiste qui se souvient de la mythologie grecque, des chambres aux merveilles des princes de la Renaissance, des fêtes royales à Versailles et des contes de fées.

Ce style passé à la postérité dans le film « La Belle et la Bête » de Jean Cocteau (1946) charme après guerre les vitrines des grands couturiers Christian Dior ou Cristobal Balenciaga, tandis que la créatrice Line Vautrin triomphe avec ses miroirs « sorcière » convexes aux formes inspirées de la nature. Elles résonnent avec les créations contemporaines illusionnistes de Joy de Rohan Chabot, meubles et miroirs peuplés de fleurs émaillées et de branchages de bronze doré.

Avec l’exposition « Féeries », la galerie Chastel-Maréchal met à l’honneur la veine la plus enchanteresse de la modernité. En verre églomisé, en miroirs, en stuc, en bronze… Ces luminaires, sculptures, meubles et autres miroirs précieux revisitent avec esprit, en plein XXe siècle, l’art et l’architecture des siècles passés. Signés Line Vautrin, Janine Janet, Syrie Maugham, Jean-Charles Moreux, Serge Roche, Max Ingrand ou Joy de Rohan Chabot, des années 1930 à nos jours, ils brouillent les repères spatio-temporels et invitent à la rêverie.


« Nous avons besoin de ré-enchanter le quotidien. Cette nécessité m’a donné l’idée de réunir ces pièces féeriques qui sont des œuvres majeures du XXe siècle. », explique Aline Chastel. La galeriste a choisi de confier la scénographie à l’artiste polymorphe Patrick Hourcade. Le créateur a réalisé une mise en lumière créant un espace onirique qui rappelle les ambiances de mise en lumière de James Turrell et Bob Wilson.

du 1er avril au 4 juin 2022

Galerie CHASTEL-MARECHAL

5 rue Bonaparte 75006 Paris

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Joe Warrior Walker

Chalkland

Joe Warrior Walker est né en 1989 et a grandi dans la ville balnéaire de St Ives, en Cornouailles. Il a passé une grande partie de son enfance à voyager en Asie avec ses parents. Sa mère d’origine indienne et son père britannique sont tous deux des artistes actifs qui partagent leur temps entre l’Angleterre et l’Inde. En 2011, il s’installe à Londres pour étudier à la Chelsea School of Art. La même année, il est lauréat du Brenda Landon Portrait Prize. Après avoir obtenu son diplôme avec mention très bien, il reçoit une bourse pour effectuer un master à l’UEA de Londres. Puis il commence à exposer dans diverses galeries londoniennes telles que Lacey Contemporary et The Strand Gallery. En 2016, il s’installe à Bristol où il travaille actuellement dans les BV Studios. Parallèlement il expose son travail a été au Royaume-Uni et à travers le monde.

Le terme Chalkland parle de sa Cornwall natale, des paysages ruraux caractéristiques du sud de l’Angleterre, mais aussi de ses souvenirs d’enfance en Inde, créant un espace intermédiaire où les dualités fusionnent, où les paysages multiples ne font qu’un.

Ses peintures suggèrent la mémoire d’un lieu ou d’une expérience à moitié oubliée, un moment dans le temps. Les toiles sont intuitivement superposées avec de la craie et du pigment indien brut, créant une surface dense avec des textures épaisses et des lavis fins qui font allusion à un espace et une perspective internes. Les tableaux conservent ainsi des traces de quelque chose de tangible, tout en oscillant entre abstraction et figuration.

du 10 septembre au 12 octobre 2022

SEPTIEME Gallery
31 rue de l’Université
75007 Paris

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Le Baroque à Rome

La Rome du XVIIe siècle est présentée au travers de trente-quatre feuilles sélectionnées parmi les chefs-d’œuvre de la collection des Beaux-Arts de Paris. Ces dessins permettent de mesurer l’importance du souffle baroque, autour des personnalités les plus marquantes du siècle : le Bernin, Pierre de Cortone, Salvator Rosa ou bien Carlo Maratti.

Une fois installés et protégés par des familles illustres, les artistes cherchent à imposer leur style qui se diffuse grâce à la vitalité de leurs ateliers. L’exposition met également en lumière leurs élèves et collaborateurs, qui, tels Ciro Ferri ou Giuseppe Passeri, se révèlent des dessinateurs talentueux.

Scènes religieuses ou mythologiques, paysages, projets décoratifs et architecturaux, esquisses préparatoires à des grands décors ou des tableaux de chevalet, feuilles destinées à des amateurs passionnés rendent compte de l’extraordinaire activité de ces artistes dans tous les domaines de la création.

du 3 février au 24 avril 2022

Ecole Nationale des Beaux-Arts
Cabinet des dessins Jean Bonna

14 rue Bonaparte 75006 Paris

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Thierry Mugler

COUTURISSIME

Le Musée des Arts Décoratifs accueille l’exposition « Thierry Mugler, Couturissime », conçue, produite et mise en itinérance par le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Cette exposition d’envergure retrace l’œuvre du créateur à l’imaginaire singulier qui a révolutionné la mode, la haute couture et le parfum. Cette étape parisienne signe le retour d’un artiste visionnaire, photographe, inventeur de parfums et metteur en scène, dans la ville où il a connu tous les succès.

Silhouettes et accessoires de prêt-à-porter et de haute couture, costumes de scène, photographies, vidéos et archives inédites, datées de 1973 à 2014, retracent l’univers fascinant du créateur, ainsi que ses multiples collaborations artistiques dans les domaines du spectacle, de la musique et du cinéma. Dans une scénographie collective assurée par le MBAM, sous le commissariat de Thierry-Maxime Loriot, des performances numériques de professionnels du monde du spectacle et de l’audiovisuel ponctuent le parcours. Loin d’une rétrospective classique, c’est une partie de la vie et toute l’énergie, dont à la fois Thierry Mugler et Manfred sont complémentaires, qui sont ici mises à l’honneur dans les galeries de la Mode Christine et Stephen A. Schwarzman.

Dès les années 1970 et jusqu’en 2002, quand Thierry Mugler tourne la page de la mode, le créateur s’est imposé comme l’un des couturiers les plus audacieux et les plus inventifs de son temps, allant jusqu’à incarner l’image même des années 1980, grâce à une silhouette graphique d’une force remarquable. Dans les années 1990, il contribue puissamment à la renaissance de la haute couture par ses collections et son sens de la mise en scène de défilés spectaculaires et de photographies grandioses, alliés aux mannequins les plus iconiques.

« Thierry Mugler, Couturissime » organisée en plusieurs actes, tel un opéra, mêle de façon thématique costumes, projections animées, photographies et musique, créant des ambiances qui incarnent les différents projets dans lesquels s’est investi l’artiste depuis la fin des années 1970.

L’exposition qui se déploie sur deux niveaux, s’ouvre sur une évocation du bestiaire fantastique de Mugler, de la microfaune aux profondeurs marines faisant la part belle à la démesure : silhouettes futuristes aux épaulettes pointues, décolletés abyssaux, tailles de guêpes irréelles…

Deux silhouettes exceptionnelles issues des collections Insectes et Chimères (1997/1998) illustrent avec éclat cette section. Un fourreau à traîne de velours noir, orné d’ailes de papillon de la maison Lemarié et une « créature » articulée d’écailles iridescentes brodées de cristaux, de diamants fantaisie, de plumes et de crin de cheval, font désormais partie des chefs-d’œuvre absolus de la couture. Des nymphes vêtues de bustiers coquillage en verre cranté et d’extravagantes méduses en organza semblent évoluer vingt-mille lieues sous les mers. La science-fiction succède à ce monde animal et aquatique : les superhéroïnes de bandes dessinées, le design industriel et les automobiles futuristes deviennent de nouvelles sources d’inspiration.

De surprenantes créatures robotisées, carrossées, aérodynamiques, façonnées dans des matières innovantes, devenues emblématiques, anticipent les révolutions du transhumanisme. L’artiste a conçu avec humour des fourreaux amovibles ou « décapotables », des bustiers « pare-chocs » et des ceintures « radiateur ». On ne peut qu’admirer sa Maschinenmensch dévoilée en 1995 pour les vingt ans de sa maison : une cuirasse robotique intégralement articulée qui nécessita pas moins de six mois de travail intensif. En dehors de la création de mode, Thierry Mugler s’est distingué dans le domaine de la parfumerie en donnant naissance, en 1992, à Angel, une révolution olfactive qui a lancé la tendance des parfums gourmands. Une salle mise en scène par l’artiste achève cette section en évoquant le monde des senteurs imaginées par le créateur et qui ont toujours été synonymes pour lui d’infini et de rêve.

Dès la fin des années 1960, la photographie de mode se développe en se substituant aux illustrations pour s’imposer pleinement. L’exposition consacre, dès le deuxième étage, une place de choix à ce médium avec de nombreux tirages rares signés des plus grands artistes et photographes de mode, parmi lesquels Guy Bourdin, Jean-Paul Goude, Karl Lagerfeld, Dominique Issermann, David LaChapelle, Luigi & Iango, Sarah Moon, Pierre et Gilles, Paolo Roversi, Herb Ritts et Ellen von Unwerth ainsi que la collaboration fructueuse entre Thierry Mugler et le photographe Helmut Newton.

Une salle est dédiée aux réalisations photographiques de Mugler lui-même qui se lance, dès 1976, dans les prises de vues de ses propres campagnes visuelles, jouant du glamour et de la beauté de ses muses, de Jerry Hall à Iman, dans des lieux extrêmes, du Groenland au Sahara, jusque sur les toits de l’Opéra de Paris.

À la fin des années 1970, Mugler crée la « glamazone », une femme chic, moderne, urbaine et glamour à contrecourant de la mode flower power et hippie de l’époque. Dans un décor noir et blanc, ses créations en paillettes évoquent la tentation de l’érotisme et du fétichisme, avec des tenues plus dénudées alliant latex et vinyle, matières subversives et innovantes, qu’il élève au rang de classiques.

La musique occupe une place de choix avec le clip « Too funky » de Georges Michael réalisé par Thierry Mugler dont les tenues sont portées par les plus célèbres top-modèles des années 1990, d’Eva Herzigova à Linda Evangelista, d’Emma Sjöberg à Estelle Lefebure en passant par la mannequin transgenre Connie Girl, le performeur Joey Arias et Julie Newmar, la première Catwoman. Il rend également hommage à la costumière américaine Edith Head oscarisée huit fois. Mugler a aussi lancé, sur ses podiums, le phénomène des défilés spectacles, en y invitant des célébrités hollywoodiennes, comme Diana Ross, Tippi Hedren ou Sharon Stone, et signant lui-même leur mise en scène et les bande-sons.

Enfin, l’exposition fait revivre une sélection de costumes conçus par l’artiste pour « Macbeth », pièce présentée par la troupe de la Comédie-Française au festival d’Avignon, en 1985. Le costume pour le personnage de la première sorcière, des croquis affichés sur le mur ainsi qu’une installation multimédia de Michel Lemieux (4D Art), ne sont que quelques exemples des éléments nous transportant dans ce monde shakespearien puissamment tragique.

« Thierry Mugler, Couturissime » est l’occasion de découvrir et redécouvrir cet artiste total, tour à tour danseur, homme de scène, photographe et créateur, un homme qui a marqué son époque en révolutionnant la mode par ses créations aux morphologies sculpturales à la fois futuristes et élégantes. Son style distinctif a transcendé les modes et a influencé, encore aujourd’hui, des générations de créateurs.

du 30 septembre 2021 au 24 avril 2022

MAD

107-111 rue de Rivoli 75001 Paris

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Les années heureuses

Denise photographiée par son père Émile Zola 

Initié à la photographie en 1888 au même moment où il s’éprend de Jeanne Rozerot, lingère au service de son épouse Alexandrine, l’écrivain -et intellectuel engagé- Émile Zola pratique le medium de manière intensive à partir de 1894, alors qu’il a presque achevé son grand projet littéraire, le cycle romanesque des Rougon-Macquart.

Parmi près de dix mille clichés consacrés aux lieux où il séjourne (Paris, Médan, Verneuil-sur-Seine, Londres où il part en exil en 1898 pendant un an, condamné en diffamation après sa courageuse lettre ouverte « J’accuse ! » publiée dans L’Aurore), aux sites qu’il visite, aux villes étrangères qu’il découvre, aux amis et aux domestiques qui l’entourent, aux personnages de rencontre, les plus remarquables et émouvants d’entre eux sont les portraits qu’il fait de ses proches.

À la manière d’un journal intime, il capte en images son microcosme familial, mais aussi le drame intime d’une double vie déchirée entre deux foyers et deux femmes. Comme les lettres qu’il adresse à ses « trois mignons adorés », sa maîtresse Jeanne et les enfants qu’il a eus d’elle, Denise (née en 1889) et Jacques (né en 1891), avec lesquels il mène une existence clandestine, ses photographies sont des déclarations d’amour enflammées.

Une étonnante collaboration entre l’amateur photographe et son jeune modèle s’instaure dans la « grande maison de campagne enclose de murs » de Verneuil-sur-Seine, « où pas un regard étranger ne pouvait pénétrer », ainsi que l’écrira Denise dans la biographie qu’elle publie en 1931, Émile Zola par sa fille. D’un esprit différent des instantanés de sa progéniture dans le jardin ou les allées de la propriété avant son exil à Londres (1898-1899), Zola réalise, à partir de son retour en France et jusqu’à sa mort en 1902, plus d’une centaine de portraits de Denise, entre ses neuf et treize ans, saisie en intérieur, immobile et concentrée.

Dans un tête-à-tête dépouillé, sans décor ni accessoire, Denise se confronte, en buste ou en gros plan, à l’objectif de ce père aimant qui la regarde sous tous les angles et dans tous ses atours. Il se fait l’interprète du visage d’une enfant qui grandit et qui adopte tour à tour des attitudes méditatives, impassibles et souvent graves. Une secrète et intense connivence lie les deux tristesses.
Avec la photographie s’instaure un dialogue silencieux entre deux tendresses.

du 3 février au 1er juin 2022

Cabinet de photographie

MUSEE D’ORSAY

Esplanade Valéry Giscard d’Estaing 75007 Paris

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Yves Saint-Laurent aux Musées

Il y a vingt ans, Yves Saint-Laurent, le plus artiste des couturiers français, présentait son dernier défilé à Beaubourg. Dans sa maison de couture créée en 1962, il n’a eu de cesse, au fil de ses collections, d’entretenir un dialogue avec l’art : peinture, sculpture, littérature, théâtre ou cinéma ont nourri son imagination et ses créations. Il entre aujourd’hui au musée, reconnaissance supplémentaire de sa création au rang de patrimoine national. D’un format inédit, YVES SAINT LAURENT AUX MUSÉES est une exposition anniversaire qui se déploie dans six musées parisiens : le Centre Pompidou, le Musée d’Art Moderne de Paris, le Musée du Louvre, le Musée d’Orsay, le Musée National Picasso-Paris et le Musée Yves Saint Laurent Paris. Elle illustre la continuité et la profonde unité des liens que le couturier tisse avec l’art mais aussi avec les collections publiques françaises. Portée par la fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent, l’exposition YVES SAINT LAURENT AUX MUSÉES, crée par des jeux de rapprochements et de renvois, un dialogue entre certains modèles, parmi les plus iconiques du couturier, mais aussi de belles découvertes moins connues du public, et les collections permanentes de différents musées parisiens. Ainsi, ce projet retrace le parcours créatif et unique d’Yves Saint Laurent tout en célébrant les arts du monde. Le caractère rayonnant du projet permet de construire des passerelles entre Yves Saint Laurent et différents univers artistiques.

Au Centre Pompidou, au cœur du Musée national d’art moderne le parcours aborde l’œuvre d’Yves Saint Laurent comme celle d’un artiste profondément ancré dans son temps et comme un témoin de l’évolution de la création artistique au XXe siècle. Maître absolu de cette période, Picasso tient une place particulière dans l’œuvre du couturier comme en témoignent les jeux de citations proposés au Musée National Picasso-Paris. Sensible aux correspondances entre les arts, Yves Saint Laurent ne cesse de jongler entre rythmes et couleurs, lumières et matières, à l’image des dialogues énoncés au Musée d’Art Moderne de Paris, qui alternent salles monumentales et séquences plus intimes. Au Musée du Louvre, c’est la fascination du couturier pour la lumière, pour l’or – couleur du soleil – pour les arts décoratifs mais aussi et surtout pour le grand apparat qui est mise à l’honneur dans la galerie d’Apollon. Or, toutes ces trajectoires qui se répondent les unes aux autres ne peuvent être appréhendées sans interroger le rôle et la place que Marcel Proust occupe dans l’imaginaire du couturier. Cette passion proustienne, ainsi que la question du genre à travers les codes vestimentaires masculin-féminin, sont explorées au Musée d’Orsay.

Au Centre Pompidou, Mouna Mekouar, curatrice de ces six expositions, et les conservateurs Christian Briend et Marie Sarrey, ont su révéler l’intérêt de Saint-Laurent pour l’Afrique. Le manteau en raphia roux et perles de bois, réminiscence des habits rituels dogon, dialogue avec le cabinet de curiosités d’André Breton, la robe noire à poitrine conique en organza brodée de perles de plastique cohabite avec l’Objet désagréable du sculpteur Alberto Giacometti. Au musée Picasso, le couturier emprunte à l’esthétique cubiste du grand maître, éternels jeux de construction et de déconstruction. En 1979, Saint-Laurent consacre une collection complète automne-hiver au peintre espagnol, comme cette robe qui reprend les visages asymétriques dans l’œil du peintre.

Au Louvre, dans la galerie d’Apollon, le département des objets d’art du plus grand musée du monde abrite les diamants de la Couronne. Quatre vestes brodées rivalisent avec l’orfèvrerie des lieux, dont le fameux Cœur en strass, broche que portait l’une de ses modèles lors de chaque défilé.

L’oeuvre de Marcel Proust était très chère à Yves Saint-Laurent. Le musée d’Orsay a choisi le salon de l’horloge pour exposer les robes portées en 1971 par Jane Birkin et Marie-Hélène de Rothschild pour le bal organisé par cette dernière dans son château de Ferrières pour fêter le centième anniversaire de la naissance de Marcel Proust. Yves Saint Laurent créa à cette occasion des robes d’inspiration Belle Époque pour Nan Kempner, Hélène Rochas, Jane Birkin et la maîtresse des lieux. Elles cohabitent ici avec différents smokings, pièces iconiques du couturier, réinventées année après années, un habit qui transférait les codes du pouvoir masculin aux femmes.

« Je suis un artiste raté », disait Yves Saint-Laurent dans une interview à la presse en 2000, reconnaissant avoir pioché chez les plus grands artistes de son temps. À travers ses modèles, c’est en effet toute une culture, tout un univers artistique qui s’exprime. Car dans sa puissance créative, Yves Saint Laurent réinvente, avec rigueur et fantaisie, tout l’héritage plastique du monde. Dans cette perspective, ce vaste projet d’expositions envisage la création d’Yves Saint Laurent, comme traversée par différentes cultures et temporalités.

En écho aux chefs-d’œuvre présentés dans les collections permanentes des musées partenaires, une partie des archives de la maison de couture – précieusement réunies par Pierre Bergé et Yves Saint Laurent – sont présentées au Musée Yves Saint Laurent Paris.

du 29 janvier au 15 mai 2022

MUSEE D’ORSAY

MUSEE du LOUVRE

MUSEE PICASSO

CENTRE GEORGES POMPIDOU

MUSEE d’ART MODERNE de la VILLE de PARIS

MUSEE YVES SAINT-LAURENT Paris

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Asile in Wonderland

La galerie Da-End poursuit son cycle de Cabinet de curiosités contemporains et invite cette année à l’occasion de la onzième édition, près d’une vingtaine d’artistes internationaux à dévoiler leurs créations dans une scénographie évoquant la chambre des merveilles de notre enfance. A travers une sélection d’œuvres aux médiums variés – dessins, peinture, sculpture, photographie, ou encore vidéo, l’exposition nous plonge dans les mystères de l’âge tendre ou dans l’imaginaire des moins tendres.

avec Markus Åkesson, Marcella Barceló, Lucy Glendinning, Orié Inoué, Sarah Jérôme, Kim KototamaLune, Mike Mackeldey, Mizuta, Nieto, Célia Nkala, Lionel Sabatté, Toshio Saeki, Sota Sakuma, Satoshi Saïkusa, Shinsuke, Carolein Smit, Mitsuru Tateishi, Nikolay Tolmachev.

du 15 janvier au 26 février 2022

Galerie DA-END

17 rue Guénégaud 75006 Paris