Alberto Garcia Alix
Lo que queda por venir
Né à León en1956, Alberto Garcia-Alix déménage à Madrid à l’âge de onze ans. Il reçoit son premier appareil photo en 1975, un Canon FTB, comme cadeau de Noël de ses parents. Plus qu’un loisir, la photographie s’impose dès le départ comme une vocation. Alberto García-Alix commence à photographier sa vie et son environnement, alors que l’Espagne vit un moment historique, une période de grands bouleversements politiques, sociaux et culturels : la transition démocratique qui fait suite à la mort du dictateur Franco.
Autodidacte, Alberto García-Alix se fait le témoin de sa propre vie et du monde qui l’entoure : une jeunesse avide et assoiffée de liberté. En une décennie, Madrid devient le point d’origine et de convergence de ce bouleversement. La Movida produit une éclosion. Une convulsion juvénile prend naissance et cette dernière va permettre une modernité, qui se fait ressentir à travers tous les pans de la société espagnole. Refusant l’étiquette de photographe porte-parole de la Movida, Alberto García-Alix évolue au sein de cette communauté et inscrit son travail dans la lignée d’une pratique intime de la photographie documentaire, à l’instar d’August Sander, Diane Arbus ou encore Anders Petersen.
Ici, l’instant n’est pas « décisif » comme chez Henri Cartier-Bresson, les images ne sont pas prises « à la sauvette ». Les compositions aux diagonales saillantes et les contrastes de lumière sont patiemment et savamment orchestrés par le photographe. Son regard est toujours frontal, direct, conflictuel. Il dit lui-même avoir le regard d’un combattant : « le portrait est une confrontation, un défi. La pression de l’indicible qui veut être dit. La caméra me transforme en cyclope : un œil, seul et nostalgique.
“Ma relation avec Kamel Mennour voit le jour au printemps 2001. C’est alors qu’il m’invite à exposer au 60 rue Mazarine aux côtés de Nobuyoshi Araki, Roger Ballen, Peter Beard, Larry Clark, Pierre Molinier, Jan Saudek, Stephen Shore et Zineb Sedira. Lo que queda por venir [Ce qui reste à venir] célèbre nos vingt ans de relation et d’amitié, à travers certaines des images qui ont marqué la genèse de notre aventure commune. L’exposition réunit principalement des tirages d’époque (dont beaucoup d’épreuves d’artiste) qui portent en eux l’atmosphère des années durant lesquelles ils ont été réalisés. Une atmosphère dont je ne peux m’échapper. Des clichés dans lesquels je ne peux manquer de lire ma vocation de photographe. Le temps donne de la perspective. Je n’ai rien fait d’autre que représenter ce qui m’est propre, mon monde. Un monde en constante évolution. Regarder, ça s’apprend. Photographier est un exercice au présent. Mais la photographie n’immortalise pas le présent en tant que tel. C’est une transmission du passé… Elle capture une mémoire, ma mémoire, et la met en lumière. L’émotion mélancolique de l’irrécusable se révèle alors et la fait revenir au présent. Ces images détiennent ce pouvoir : transmettre le passé, exister au présent et continuer à vibrer. Toujours en vie… Une émotion intemporelle. L’exposition Lo que queda por venir se fait l’écho, la résonance, de cette idée et, par le déroulement même des choses, ouvre aussI une porte sur l’avenir.”
— Alberto García-Alix