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Aline Asmar d’Amman

Architecte et fondatrice de Culture in Architecture, agence basée à Paris et à Beyrouth, Aline Asmar d’Amman crée des ponts entre les cultures tout en tissant un lien entre le passé et le présent. Elle puise dans un abécédaire construit de brut et de précieux, de patrimoine et de modernité, de poésie et de matérialité. Culture in Architecture a réalisé plusieurs projets d’aménagement intérieur emblématiques dans le monde, dont la rénovation de l’Hôtel de Crillon à Paris, le décor du restaurant Le Jules Verne, mythique adresse gastronomique de la Tour Eiffel, ainsi que la rénovation en cours du Palazzo Dona Giovannelli, futur Orient Express, l’un des joyaux historiques de la cité des Doges. Aline a également collaboré avec le grand Karl Lagerfeld sur des décors qu’il a signés et sur une collection de sculptures fonctionnelles, « Architectures » à la Carpenters Workshop Gallery. Récemment, elle a signé la scénographie architecturale du Pavillon du Liban à la Biennale d’art de Venise 2022. Elle poursuit un travail transversal allant de l’architecture intérieure à la direction artistique et la scénographie aux quatre coins du monde, avec une facture contemporaine engagée dans la transmission des savoirs et les conversations culturelles. Ses nouvelles créations font l’objet de deux expositions à Paris et bientôt à New York, en collaboration avec The Invisible Collection.

Conçue comme une invitation à se perdre dans les dédales des somptueuses archives des Boiseries Féau pour aller à la rencontre des meubles disséminés dans différentes pièces, la scénographie met en lumière l’accord parfait entre le patrimoine et la création contemporaine. Dans ce labyrinthe chargé d’histoires, une place de choix est laissée à une seule intervention artistique, celle de l’artiste Robert Montgomery, en collaboration avec la galerie Magda Danysz. Sous la verrière spectaculaire de 1885 où s’entremêlent miroirs et panneaux historiques, une imposante installation de textes en néon révèle un message poétique qui résonne avec nos sensibilités collectives : “All Palaces are Temporary Palaces“.

Au détour des portes, on découvre le mobilier qu’ Aline Asmar d’Amman a dessiné en célébrant une certaine vision de la féminité. Le dessin et les associations de matières se nourrissent tout à la fois de références artistiques, de l’amour de la mode et de ses silhouettes ou encore de rencontres éclectiques avec des projets ou des artisans.

Voluptueusement tressées, les formes sensuelles du salon de conversation “Georgia” vêtu de mohair rose poudré tranchent avec le dessin tendu et androgyne des luminaires “Smoking” striés de métal noir, coiffés de soie cartonnée blanche et surlignés de laiton brossé. L’albâtre, l’onyx rose, le marbre marquina et le bois zébrano font ici leur apparition.

Un peu plus loin, envoûtant et sophistiqué, le papier peint floral “Crystal Petal” imaginé pour la Maison De Gournay est une promesse d’éclosion éternelle et une ode à la symbolique de la terre-mère, brodé de cristaux écorchés à même le papier peint à la main. Tissés sur un paysage panoramique, des pierres aux bords vifs et des fleurs fantastiques marbrées et magistrales, s’entremêlent, poussant depuis un socle mural jusqu’à atteindre un ciel aquarellé évanescent, à la trame texturée comme un tissage délicat.

La masculinité irrévérente de la ligne de fauteuils Gent se pare, elle, d’une coque aluminium pliée et peinte en sfumato de lueurs métalliques, mi carrosserie de bolide lustré, mi abstraction nocturne en référence au Seascapes monochromes de Sugimoto. Entre greffe bionique et silhouette rétro, les pièces pivotent et révèlent un jeu de glissement de matières et de reflets, du velours au métal grisé et verni en dégradé.

En complément de la présentation de ces pièces, Aline révèle l’acte deux de “La Mémoire des Pierres“, son mobilier brutaliste et sauvage initié par une quête de “poésie concrète et d’upcyling. Associant marbres rares et oubliés en greffe sur la pierre dure de Vicenza, des tables basses baptisées “Stone Cloud” ponctuent l’espace de leur présence minérale et sculpturale.

Pour ce nouvel opus de la Collection, Aline Asmar d’Amman signe des pièces insolites, des tables basses sculpturales, sensuelles et poétiques, dont la création est déterminée par la rencontre avec des chutes d’onyx gris et d’onyx rose et du tracé poétique de leurs veines. La facture est exigeante avec une approche sculpturale de la fonction. La construction purement architectonique célèbre la pierre en mono matière et continue un travail initié en collaboration avec la troisième génération des tailleurs historiques du Laboratorio Morseletto, à Vincenza, transmise cette fois par des femmes.

Les “Stone Cloud” évoquent des nuages en onyx gris greffés sur des pieds en pierre de Vincenza naturellement écorchés sur leurs tranches puis sculptés selon un dessin intuitif en réponse aux veinages millénaire des marbres. En écho aux questionnements sur la mystique de la matière, ces pièces évoquent des figures de l’imaginaire astral trouvé dans les profondeurs de la terre, une question investiguée par l’essayiste et académicien français Roger Caillois. Ces sculptures fonctionnelles et totalement uniques poursuivent la recherche constante d’Aline entre brutalisme et haute facture, rareté et upcycling chargées de sens et de symboles.

Pour finir, le tapis “Iris Blush“, fabriqué par Ice Carpets en soie et laine, est une vague de sensations familières, l’empreinte de paysages mouvants, celui de l’air, de la mer, des sables errants. Teinté de variations infinies de rose naissant, du grisé au poudré, du violet dilué à l’ivoire nacré, c’est une toile composée à l’horizontale pour s’allonger dans le dessin et se fondre dans la trajectoire d’un voyage immobile.

jusqu’au 4 octobre 2022

chez FEAU Boiseries

9 rue Laugier 75017 Paris

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