Psychanalyse d’un meuble à quatre pattes
Treize manufactures, membres du collectif Haute facture de l’Ameublement français, révèlent leurs secrets dans une scénographie de Vincent Darré. Fin connaisseur de l’histoire des arts décoratifs et du bouillonnement intellectuel du XXe siècle, le décorateur couche sur le divan ces maisons porteuses d’un savoir-faire d’exception et fait entrer le visiteur dans un cabinet de curiosités aux multiples références en procédant à une étude très personnelle de meubles et d’objets de Haute facture. Il convoque ici toutes les grandes figures et courants du XXe siècle en associant du mobilier emblématique de ces grandes maisons et des créations réalisées exclusivement pour l’exposition pour une sorte de voyage initiatique ….
La première pièce présente le travail du laqueur ATELIER MIDAVAINE, « j’ai voulu mettre en valeur les techniques en dessinant une étoile en différentes teintes d’ors et une pyramide en craquelé. Je me suis inspiré des solides de Platon, une structure géométrique, mais aussi d’une peinture d’un « singe décapsuleur ». Découverte de ce singe étonnant réalisé en 1950 par Jacques Midavaine à 20 ans et du tableau Sierra Leone réalisé en 1989, une laque noire éclairée à la feuille d’or blanc, œuvres qui n’ont jamais été montrées au public.
Vincent Darré a dessiné un espace spectaculaire pour POUENAT où il expose une rampe d’escalier sur mesure au décor en fer forgé peint, dorure à la feuille. Plus loin, un chevalet de Yann Le Coadic, la lampe Ypomer de François Champsaur, les lampes à poser Abysse de Valérie Serin-Lok et Sunrise de Rodolphe
Parente.
La chilienne Émile en cuir tressé, nouveau savoir-faire de la maison DUVIVIER CANAPÉS révèle les matières d’exception : cuir pleine fleur doublé de véritable feutre de laine, chêne massif et détails en laiton. On devine ici le geste de l’artisan et ses savoir-faire uniques. Présenté pour la première fois en cuir tressé à l’occasion de la Paris Design Week 2022. Puis le regard se pose sur les tables basses Gaël, comme des galets patiemment sculptés par le temps et les marées qui montrent le travail minutieux d’ébénisterie.
En face, en hommage à Louise Bourgeois, Vincent Darré recouvre des têtes de modistes de tapisserie issues de la manufacture d’Aubusson ROBERT FOUR. On est ébloui par les couleurs exclusives réalisées par le Maître teinturier, par les mélanges de textures et de fils qui peuvent aller jusqu’à six techniques de tissage toujours respectueuses de l’environnement. Le visiteur découvre ensuite une des pièces maîtresses de cette exposition : l’intrigant secrétaire néo- classique « Hypnos » de la maison d’ébénisterie TAILLARDAT qui renferme en son coeur un vase boule décoré signé de la Manufacture des Émaux de Longwy. Les deux faces astrales, le soleil et la lune, le jour et la nuit … posées sur un socle rotatif se reflètent dans un miroir ancien vieilli au mercure. Un petit fauteuil inspiré des années 30 et dessiné par Armand Albert Rateau pour Jeanne Lanvin complète la mise en scène.
Pour clore ce voyage hypnotique et fantaisiste dans l’histoire de l’art, Vincent Darré expose dans la troisième et dernière pièce rouge, des jeux de matières rares avec la console Julianne en frêne, olivier et bronze, les tabourets en bois massif « pris à cœur » ZIGI et le tabouret Tobias en ébène de Macassar et albâtre de la fabrique de mobilier PHILIPPE HUREL.