Sam Szafran
Obsessions d’un peintre
Sam Szafran (1934-2019) occupe une place très singulière dans l’histoire de l’art de la deuxième moitié du XXe siècle. Il a voué son œuvre à une approche figurative et poético-onirique du réel qu’il a développée loin du monde de l’art et de ses engouements, dans le retrait de l’atelier.
Une enfance particulièrement difficile, marquée par les catastrophes de la Seconde Guerre mondiale dans une famille d’origine juive-polonaise, lui a fait préférer cette solitude, se focalisant sur sa propre existence et ses états intérieurs pour donner naissance à ses thèmes de prédilection. Trois ans après la disparition de l’artiste, le musée de l’Orangerie met en lumière, dans la première exposition organisée par un musée français depuis deux décennies, les quelques sujets pour lui existentiels – ateliers, escaliers et feuillages – qui ont tous en commun son environnement immédiat.
L’économie parcimonieuse des représentations est contrebalancée par une fièvre d’expérimentation envoutante, qui fonctionne comme une ancre jetée dans l’histoire de l’art. En autodidacte d’une curiosité inépuisable, il s’est initié au pastel puis à l’aquarelle, terrains de recherche artistique qu’il a ardemment poursuivis. Szafran met à l’épreuve le regard, en déformant et déconstruisant la perspective, dans des lieux clos, hermétiquement fermés sur eux-mêmes.
Avec le temps, ceux-ci s’ouvrent, se fragmentent pour donner naissance à des visions éclatées où se multiplient les plans de temporalité dans lesquels les espaces se conjuguent et se confrontent, symboliques d’un ordre à jamais disparu.