Aurélie Flor
Baxter, la Galerie d’Aurélie et Jaime Flor est un lieu à part dans l’univers des galeries d’art. Un lieu hybride, qui présente aussi bien une collection importante de gravures et de dessins anciens que des œuvres d’artistes contemporains : les peintres et graveurs Joseph-Antoine d’Ornano, Annie Rosès, Graziano Tinti, Alain Pic, Sara Fratini, Azuka Kazama, Diane de Valou, Isabelle Sauvageot, Sophie Drouot, Arthur Aeschbacher, Johanna Rylle, la céramiste Louise Frydman, les photographes Julien Drach, Alfredo Salazar ou Frances Ryan, des artistes modernes comme Man Ray et Peskin Kaplan et des designers comme Thomas Lemut et Isabella Garbagnati. Baxter, c’est aussi un atelier d’encadrement sur-mesure où tous les projets sont possibles, grâce au travail de dessin d’Aurélie et de sculpture de Jaime. C’est dans son appartement, quelques étages au-dessus que nous avons eu envie de rencontrer Aurélie, parce que là aussi elle a réussi à créer de toutes pièces un lieu unique, qui lui ressemble infiniment.
Si nous nous retrouvons chez toi Aurélie, c’est parce que ton appartement réunit tous tes domaines de prédilection, mais aussi parce qu’on y retrouve beaucoup de toi et de l’univers de Baxter, ta galerie.
C’est vrai, j’y ai mis tout ce que j’affectionne, tous les artistes que nous représentons à la galerie. C’en est d’ailleurs un peu le prolongement. C’est vraiment un décor que j’aime, que j’ai pensé et fait réaliser à l’aide d’artisans et d’artistes.
Tu as toi-même une formation d’architecture intérieure ?
J’ai fait une école d’architecture intérieure mais je ne savais pas vraiment à l’époque ce que je voulais faire, je savais seulement que ce serait artistique. En sortant de l’école je souhaitais plutôt dessiner ou sculpter. Le décor s’est en quelque sorte imposé à moi de manière naturelle, instinctive. J’ai continué le dessin avec l’artiste Diane de Valou qui m’a ouvert à d’autres choses. Je pense que tout a un lien, ne serait-ce que dans les rencontres et bien sûr l’observation.
Tu as d’ailleurs fait du design textile il y a quelques années ?
Je faisais des toiles peintes et rebrodées pour la Haute Couture. Puis j’ai travaillé sur de plus grandes toiles pour un décor. J’ai très envie de recommencer à en faire, c’est un goût que j’ai profondément.
La couleur aussi est très importante dans ton univers ?
La couleur, les textiles sont pour moi essentiels dans un décor, et dans celui-ci, c’est vrai, j’ai vraiment eu la possibilité de m’exprimer. Pour la couleur, je m’inspire de tout ce qu’il y a autour, ça peut être un morceau de tissu, un objet, un bouquet ou la nature environnante.
Parle moi du travail d’Alain Pic qui a réalisé cette magnifique fresque sur les murs ?
Alain est aussi un ami, mais c’est un être très discret. C’est Annie Rosès, sa femme, qui me parlait souvent de son travail et j’en avais très envie dans ce lieu. Je lui ai donné une thématique, j’avais envie qu’il s’inspire de Wright, de Sonia Delaunay, de Braque et son talent a fait le reste ! C’est lui qui a construit un décor autour de ça, c’est son œuvre à part entière. Il a travaillé comme il le souhaitait, avec sa manière de peindre : il aime mélanger par exemple ce qu’il appelle des vibrations avec des aplats de couleur.
Tu aimes aussi mélanger les matériaux ?
C’est étonnant parce que sur le plan architectural je suis surtout sensible aux XVIIème et XVIIIème siècles, mais ici on a utilisé des matériaux plutôt industriels, en suivant nos envies. J’ai dessiné des verres pour que les lumières traversantes soient diverses, qu’il y ait des jeux, des faisceaux différents selon les moments du jour.
Tu parviens à donner un côté précieux à des matériaux très simples.
Peut-être. D’ailleurs je n’aime pas ce qui est tape à l’œil, dans le sens où j’aime les choses qui se découvrent, souvent au détour d’autre chose. Mais j’aime l’harmonie.
Tu me parlais aussi de ton goût pour les objets, comme pour les artistes chez Baxter, tu aimes beaucoup mélanger les époques ?
Je trouve qu’il est important de mélanger les choses, de voir si elles fonctionnent ensemble. Pour les objets, j’aime l’Ecole de Nancy aussi bien que l’art brut, le style monacal, une certaine épure autant que le XVIIIème siècle. J’aime bien par exemple faire cohabiter les arts populaires avec des pièces plus rares. Chez Baxter, j’aime présenter les luminaires d’Isabella Garbagnati qui relient vraiment l’architecture au dessin, autant que ceux de Thomas Lemut qui sont vraiment tournés vers le design, les céramiques si poétiques de Louise Frydman aux côtés des peintures, des gravures ou des photographies des autres artistes de la galerie.
Tu n’imaginais pas avoir une galerie d’art traditionnelle ?
Non, pour moi c’était une évidence. J’aime le travail de la main, l’artisanat d’art, que je retrouve avec l’encadrement. Mais j’aime aussi les rencontres, le travail avec les artistes. Je voulais montrer que le passé et le présent cohabitaient aussi très bien sur les murs.
Parle moi un peu des artistes que tu affectionnes ?
Ces si divers … Les sculptures de Georges Folmer, de Zadkine, de Giacometti. La peinture et les collages de Matisse, Nicolas de Staël, Vuillard , Hammershoi, les costumes de Léon Bakst, les œuvres de Sean Scully. Les dessins de Martin Ramirez, les tissages de Jules Leclercq, les pastels de Takashi Shuji, les collages de Georges Widener. Et bien d’autres d’ailleurs, souvent restés dans l’ombre.
Chez Baxter vous travaillez de plus en plus pour des demandes spécifiques de décorateurs et de designers ?
Oui le travail de Jaime, mon mari, nous permet de créer de plus en plus de projets sur mesure ou de sculpter des pièces uniques. Jaime se tourne vraiment vers l’artisanat d’art, il est toujours dans la recherche de nouvelles pièces à mettre en forme. Et Fred, qui est là depuis plus de trente ans, continue, lui aussi un travail d’encadrement qui se renouvelle continuellement.
Les pièces uniques que vous créez désormais concernent des éléments du décor de plus en plus divers ?
Oui, très récemment j’ai dessiné et fait sculpter une tête de lit pour un collectionneur. C’est une activité de Baxter que nous développons de plus en plus. Ces périodes de confinement m’ont redonné le goût de la découverte, de la création, en circulant à pieds dans Paris pour aller voir des fournisseurs ou des clients. La ville est si belle et même en cette période trouble elle est inspirante !