Alexandre Piatti

Alexandre, tu as été pendant deux ans le président du Carré Rive Gauche, dis-nous quelques mots sur cette association unique au monde.

Il s’agit de la plus ancienne association d’antiquaires et de galeries d’art au monde. Elle existe aujourd’hui depuis 40 ans. Elle est composée d’une centaine de marchands présents dans les plus grandes manifestations mondiales telles que la Biennale ou TEFAF Maastricht et New York. Implantée en plein coeur de Paris, et du quartier latin, à côté du musée d’Orsay, en face du Louvre, cette association est reconnue dans le monde entier aussi grâce à son emplacement. Dans un cadre historique et un lieu chargé d’histoire, le Carré Rive Gauche est le lieu rêvé pour flâner, visiter et découvrir des chefs d’oeuvres d’art de l’Antiquité jusqu’au design contemporain.

Quand as-tu eu l’idée de créer le Fonds de Dotation Rive Gauche ?

L’idée du Fonds de Dotation Carré Rive Gauche a germé dans les années 2010. Le temps de construire ce projet, de le faire grandir et évoluer, d’écrire ses statuts et de faire les choses comme il se doit, les antiquaires du quartier m’ont élu afin de porter cette belle aventure philanthropique et de lui permettre d’éclore en 2015. Je suis le président du conseil d’administration depuis et très fier de l’être ! C’est une plateforme souple et participative formidable qui contribue à faire rayonner le patrimoine et le savoir-faire français, mais qui sert également à transmettre, notamment aux plus jeunes générations afin de susciter pourquoi pas, de nouvelles sensibilités pour l’art. Il a pour but également de montrer les marchands d’art du Carré Rive gauche sous un angle moins connus du grand public, celui de philanthropes et de mécènes.


Le plus grand des six fours à bois de la Manufacture de Sèvres datant du XIXe siècle est remis en fonction en octobre 2016, après 10 ans d’inactivité.
Vous avez déja aidé à la réalisation de plusieurs projets depuis 2015.

Depuis le lancement du Fonds de Dotation, nous en sommes déjà à sept projets réalisés.  Nous avons la volonté de travailler avec des institutions différentes à chaque fois. Nous voulons aussi varier nos projets afin que tous les courants d’art du Carré Rive Gauche soient représentés. Nous nous sommes attelés à des restaurations patrimoniales comme ce fût le cas avec le Petit Palais, le Musée des Arts Décoratifs ou bientôt avec le Musée d’Orsay pour un projet qui va voir le jour avant la fin l’année. Des projets de transmission également puisque nous avons financé une journée pour les enfants au Mobilier National l’an dernier dans le cadre de l’Exposition Jean Lurçat. Des projets d’encouragement du savoir-faire des artisans comme l’année passée avec Sèvres – Cité de la céramique ou bien cette année en étant présent à la Biennale Révélations qui a eu lieu au grand Palais, afin de promouvoir le travail des artistes français. Enfin nous avons également réalisé une campagne de financement participatif pour mettre en lumière comme il se doit les oeuvres présentes dans la Chapelle Saint Louis de l’église Saint Thomas d’Aquin, le résultat sera visible les 16 et 17 septembre 2017 pendant les journées européennes du patrimoine.

 


Des pièces produites spécialement pour cette occasion sont enfournées, parmi lesquelles des pièces décorées par trois artistes contemporains :
Nicolas Buffe, Philippe Cognée et Barthélémy Toguo
Et toi, qu’est-ce qui t’a mené à te spécialiser dans la Haute Epoque  ?

Mon héritage familial ! Mes parents étaient antiquaires, ils sont aujourd’hui à la retraite mais j’ai été bercé dans ce milieu et cette période dès ma plus tendre enfance. A la maison ou lors des nombreux voyages que j’ai effectué avec eux. Nous avons toujours eu un lien fusionnel avec ce métier. C’est une période de l’Histoire de l’Art fascinante, dure parfois, plutôt austère, mais on y trouve une modernité sans pareille, tant dans les lignes que dans les matériaux. Je n’ai pas choisi la Haute Epoque, en réalité c’est elle qui l’a fait.

Tu te souviens de ton premier coup de foudre devant une oeuvre ?

Pas facile ! Mais je crois quand même que la première fois où j’ai vraiment été bluffé, c’était devant le David de Michel Ange à Florence. Surtout lorsque l’on est un enfant, c’est encore plus impressionnant. Je me souviens qu’au pied de cette sculpture, j’étais presque intimidé par la grandeur, la perfection et la force qui se dégage d’un tel chef-d’oeuvre.

As-u d’autres périodes de prédilection ?

Pas vraiment à vrai dire.. Je suis bien sûr attiré par beaucoup de choses et il est très important d’être curieux si l’on veut être un bon antiquaire. J’aime beaucoup de choses qui sont très variées, comme l’Antique bien sur, la peinture Impressionniste, il y a en ce moment une magnifique exposition sur les Portraits de Cézanne au Musée d’Orsay. L’Art Nouveau aussi, ou le beau 18ème français. Mais je ne suis jamais aussi troublé que devant l’art du Moyen Age, en entrant dans la pièce de la Dame à la Licorne au Musée de Cluny par exemple.

 

On a souvent une certaine image de l’antiquaire : un peu snob, un peu élitiste, enfermé dans son monde … Toi tu es tout le contraire : jeune, drôle, ouvert, tu accueilles les curieux et les collectionneurs de la même manière, avec la même chaleur.

Pour moi ce n’est pas un métier mais une passion ! C’est un plaisir et une chance d’exercer cette profession. C’est aussi un apprentissage permanent et des rencontres formidables. Nous sommes entourés de très belles choses, nous voyageons beaucoup, alors c’est une fête d’être antiquaire ! Je pense qu’une galerie, son image, son activité, ses œuvres, ne sont que les reflets de la personnalité et de la sensibilité du marchand. Et moi je suis dans mon métier comme je suis dans la vie.

Tu es un germanopratin plutôt gourmand et noctambule !  Parle-nous de tes lieux favoris ?

Pour satisfaire ma gourmandise, et en tant que voisin rue de Lille, mon bistrot préféré est le Bistrot de Paris où je me régale toujours. Nous avons la chance d’être dans un beau quartier de Paris et les bonnes tables sont nombreuses ici. Ce qui me convient parfaitement car j’aime changer de cuisine et d’ambiance souvent, que cela soit en passant du Pied de fouet rue saint Benoit, à un superbe bol de Ramen chez Ippudo rue Grégoire de Tours ou picorer chez Freddy’s rue de Seine. Quant à ma vie nocturne c’est un secret militaire bien gardé. Mais si vous vous voulez me croiser, tentez le Prescription rue Mazarine pour ses cocktails, la terrasse du Café de Flore, j’y adore l’ambiance de nuit, ou bien encore le Castor Club qui est un bar clandestin que je vous laisse trouver !

GALERIE ALEXANDRE PIATTI


29 rue de Lille 75007 Paris

01 40 20 94 90

www.fonds-carrerivegauche.com