Marianne Canarelli

La Belle Histoire

Marianne, j’aimerais que vous vous présentiez ?

Marianne Canarelli : J’ai fait une école de stylisme, l’Ecole de la Chambre Syndicale. Mon compagnon Julien, lui, était lapidaire pour des joailliers de la place Vendôme. Il y a quatre ans, à la fin de mes études j’ai eu envie qu’il me crée une bague et il m’a dit qu’il était d’accord si c’était moi qui la dessinais. Par goût j’aime les bagues assez imposantes et je me suis un peu emballée ! Mais cela nous a donné l’idée de créer notre propre Maison. Lui avait déjà tout le réseau de savoir-faire dans la joaillerie et nous avons tout de suite choisi de recevoir notre clientèle dans un salon privé, de ne pas avoir pignon sur rue, ce qui rend sans doute l’expérience encore plus unique. Créer une maison de joaillerie est une chose assez longue et compliquée, mais heureusement le succès, avec le bouche à oreille, est arrivé assez vite.

Vous avez donc une Maison encore toute jeune ?

C’est vrai, mais depuis quatre ans nous avons beaucoup travaillé. Mes premiers modèles, en cristal de roche étaient jolis mais assez fragiles, réservés à une certaine clientèle. Mais ma sœur m’a très vite demandé de lui créer une bague. Elle est architecte en restauration du Patrimoine, toujours sur les chantiers, il lui fallait donc un bijou qui puisse l’accompagner partout. J’ai créé un modèle pour elle, qui porte aujourd’hui le nom de « Sœur ». Ce sont deux anneaux d’or plein qui entourent une pierre. Une cliente a très vite souhaité faire remonter le diamant hérité de sa maman sur ce modèle et cela m’a donné l’idée de le décliner selon les désirs de chacune : la taille des pierres, leur nombre, l’écartement des anneaux, tout est modulable.

Ensuite, lorsque j’ai créé le modèle « Perles de pluie », j’ai souhaité faire les choses dans le même esprit : les pierres, le volume, la forme, chaque bague est différente et devient une création unique.

Les « Perles de pluie » sont un peu devenues le modèle emblématique de votre collection ?

Souvent mes clients ont une préférence pour un modèle ou un autre, mais il est vrai que celui-ci a beaucoup de succès. Autour d’une pierre centrale sont assemblées des pierres de tailles différentes qui sont taillées en cabochons et ici, c’est l’absence de symétrie qui donne l’harmonie. Sur ce modèle on fait quelque chose que j’affectionne particulièrement en mélangeant le précieux et les pierres fines. Ainsi, même si c’est une bague plutôt volumineuse, elle reste très facile à porter.

C’est une bague qui fait appel à tous les sens, elle donne envie d’être regardée bien sûr, mais aussi touchée, caressée, grâce à la rondeur des pierres et la manière dont vous travaillez l’or ?

La forme et l’association des cabochons de tailles différentes donnent cette impression, mais le serti grain qui les entoure confère, c’est vrai, une texture supplémentaire à la bague. Il se crée en tapant minutieusement l’or, c’est un travail très délicat qui demande un grand savoir-faire. Sur la bague « Héritage », le serti grain est remplacé par un pavage de diamants, cela la rend encore plus éblouissante ! 

Au sein de votre Collection, vous ne créez donc que des pièces uniques ?

Je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus amusant pour moi. A chaque fois qu’une nouvelle pièce est terminée c’est un moment magique pour ma cliente mais aussi pour moi. Et puis j’ai le sentiment de faire de la création, pas de la production. Mes clientes aiment le design des bagues, l’univers de la Maison, mais aussi la possibilité d’apporter leurs propres pierres, leurs idées, leurs envies.

Chacune a ainsi la possibilité de créer le modèle dont elle rêve avec vous ?

Oui elles font aussi vraiment partie du processus de création. C’est une sorte de collaboration. Parfois je dois chercher des pierres précieuses et faire une sélection pour ma cliente, puis je lui fais des propositions. Ensuite je fais des dessins pour choisir l’ordre et la taille des cabochons. Quand nos choix se précisent, nous faisons des réalisations en 3D pour avoir des visuels très réalistes, être sûrs de l’emplacement de chaque pierre, mais je crée aussi un modèle en résine pour aider la personne qui portera la bague à se projeter, qu’elle puisse mieux la visualiser au doigt. C’est un temps de création que nous partageons ensemble.

Vous suivez tout de même les tendances, même sans vraiment le chercher ?

Bien sûr, c’est comme pour les arts décoratifs les modes changent et même inconsciemment nous les suivons. En ce moment, l’art déco ou les années 40 m’inspirent beaucoup. Techniquement nous n’inventons rien, ce sont plutôt les associations qui sont uniques.

Vos créations ont une autre particularité, le travail de vos montures est également très beau au creux de la main ?

C’est important, un peu comme lorsqu’on crée une robe, le dos est tout aussi important que le reste. Une bague c’est un tout, pas seulement la partie haute du bijou. J’aime qu’elle soit belle quelle que soit la manière dont on la regarde. Qu’elle soit belle pour soi autant que pour les autres.

Vous aimeriez qu’un jour on puisse se transmette vos bijoux ?

Je les crée aussi pour ça. Les bijoux nous survivent et ils ont toujours une histoire. J’aime les créer mais aussi en transformer. Une cliente m’a ainsi demandé de réunir sur une seule bague toutes celles qu’elle avait reçues en cadeau dans sa vie. Cette bague devenait une sorte de témoignage très touchant mais elle offrait aussi une nouvelle vie à des pierres qui n’auraient plus été portées pour diverses raisons, comme cela arrive souvent.

MARIANNE CANARELLI

Sur rendez-vous à Saint-Germain des prés

contact@mariannecanarelli.com